• Qu’est-ce que nos mobiles nous permettent de partager ?
    http://www.internetactu.net/2013/02/14/quest-ce-que-nos-mobiles-nous-permettent-de-partager

    Alors qu’ils servent de moins en moins à passer des coups de téléphone, à quoi servent donc nos téléphones mobiles… Comment débloquer leurs potentiels créatifs ? Comment les utilisateurs et les designers les adaptent-ils à des fins inattendues ? Telle était l’interrogation qui servait de fil conducteur à cette session de la dernière édition de la conférence #lift. Besoin de…

    #créativité #hybride #lift13 #mobile

    • Christopher Kirkley (@sahelsounds), le dernier intervenant de cette session consacrée aux #mobiles, est ethnomusicologue. Il s’intéresse, lui, au partage de fichiers musicaux sur mobile en Afrique de l’Ouest.

      Les téléphones mobiles en Afrique de l’Ouest sont différents des nôtres. Ils n’en sont pas moins, le premier outil technonumérique qui a pénétré l’Afrique. Comment celui-ci s’est-il adapté aux différentes cultures qu’elle a rencontrées ?, s’interroge l’ethnologue. Depuis 2009, Christopher Kirkley travaille au Mali où il fait des enregistrements de musique traditionnelle. Il s’est vite rendu compte que les gens avaient tendance à lui faire écouter leur musique depuis leurs mobiles, plutôt que de la lui jouer. Le mobile a un rôle de plus en plus important dans la vie sociale, peut-être encore plus que la radio. Les moments conviviaux y sont souvent des moments d’échanges de contenus de téléphones à téléphones. On regarde les contenus des téléphones des uns et des autres et on transfère sur le sien ce qui nous y intéresse. Les échanges se font de personnes à personnes, et s’essaiment au gré des mobilités des gens. L’image traditionnelle du nomadisme africain se superpose à celle des échanges culturels où les réseaux ont remplacé les routes.

      Les données les plus échangées sur ces téléphones sont incontestablement la musique. Malgré la piètre qualité des haut-parleurs des mobiles africains, c’est par eux que se diffuse la diversité musicale africaine. Et le paysage musical africain a été transformé par cet échange de piètre qualité. Si on y trouve beaucoup de musique occidentale, on y trouve également beaucoup de créations originales, qui n’existent pas sur l’internet et qu’on ne peut trouver que par ce type d’échanges. Beaucoup de sons proviennent de concerts. Parfois, les artistes enregistrent leur musique dans de petits studios privés peu équipés (à Bamako, ils sont accessibles pour 15 $), mais dont la qualité suffit pour le mode de diffusion et d’écoute. Et l’ethnomusicologue d’évoquer des groupes de musique traditionnelle qui s’échangent de cette façon qu’il a d’ailleurs compilé en albums (Musique des téléphones mobiles du Sahel volume 1 et volume 2).

      Les magasins de réparation de téléphones en Afrique vendent également de la musique, comme une version physique d’iTunes. Un MP3 coûte quelques centimes. Ici, nul ne prête attention aux implications morales, juridiques ou légales. C’est même l’inverse qui se passe. Parfois les artistes payent ces diffuseurs pour qu’ils offrent leur musique. Ceux qui bénéficient le plus de ce modèle de distribution original sont de jeunes artistes qui tentent de nouveaux styles, comme du rap touareg.