• Nouvelles de l’université : AG contre le projet de loi Fioraso.

    Semaines du 18 et du 25 Février - Sauvons l’Université !
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5951

    Semaines du 18 et du 25 Février

    mercredi 20 février 2013

    APPEL A TENIR DES A.G. PERSONNELS / ETUDIANTS DANS TOUTES LES UNIVERSITES

    Nous rappelons le calendrier de la MOTION UNIQUE votée à l’Assemblée Générale des étudiants et des personnels de l’ESR le 18 février 2013 :

    L’AG réunie le lundi 18 février à l’université Denis Diderot Paris VII appelle
    – à un rassemblement unitaire demain 19 février devant le MESR rue Descartes (Paris, 5e ar.) à 14h dans le cadre de la tenue du CNESER
    – à des AG de mobilisation étudiants/membres du personnel
    – à une semaine de manifestations et mobilisation dans les facs et les labos du 25 février au 2 mars (avec notamment la participation à la manifestation sur l’école le 28 février)
    – à l’organisation d’une prochaine AG nationale le samedi 2 mars.

    Pour alerter et mobiliser,

    Les Assemblées Générales ouvertes à tous les étudiants et à tous les personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

    C’EST MAINTENANT !

    • Et un texte-invitation d’un collègue :

      De l’Impossible à Notre Monde

      On ne connaît de la réalité que ce qu’on s’en donne à connaître. Bien sûr, c’est toujours infiniment peu comparé à ce qu’il y aurait à comprendre, et même fondamentalement partial,
      car rien jamais n’a établi que les présupposés de nos
      constructions de pensée, jusqu’aux axiomes de la science, coïncident d’aucune manière avec des principes donnés a priori dans la nature. Ce n’est pourtant pas une raison pour se
      contenter du brouet public qu’on nous sert sans cesse à la louche comme succédané du vrai ou de l’inévitable. C’est même précisément l’inverse. L’orchestration permanente des
      manipulations dominantes nous est un devoir de contreconnaissance, au moins par respect de nous-mêmes.

      Victor Malo Selva, Le paradis des dinosaures

      Chères et chers amies,
      chères et chers habitantes de ce pays et des autres,
      chères et chers collègues – puisque par notre commune présence en ce monde nous sommes de
      quelque façon relié-e-s,
      si vous pensez que ceux qui font métier de faire de la politique, de nous représenter, de gouverner et
      de décider tant de choses essentielles pour le présent et l’avenir, pour nous, pour les générations
      futures et en notre nom ;
      si vous pensez que ces politiciens de profession ne répondent que très imparfaitement à ce qu’on
      pourrait et devrait espérer – y compris simplement parce qu’on les aurait crus, serait-ce juste un
      peu, quand ils cherchaient à électoralement nous séduire – et qu’ils sont à l’inverse toujours plus
      décevants que le plus négligent des plombiers (qu’on obligerait par la loi à respecter ses
      engagements et à refaire l’installation qu’il a bâclée et qui abîme le plafond du voisin du dessous),
      que le plus piètre des boulangers (dont on cesserait simplement d’acheter le pain préférant les
      biscottes même quand il est le seul ouvert de tout le quartier) ou que le plus incompétent des
      électriciens (dont au pire l’assurance nous dédommagerait des dégâts d’incendie que le tableau de fusibles défectueux qu’il a posé a provoqués dans notre salon) ;
      si vous ne pouvez tout à fait écarter l’idée que – sans nier que certaines et certains soient
      humainement animées de bonne volonté mais dans un cadre qui politiquement les bride presque en
      leur entier tant il est immensément plus fort qu’eux – ceux qui font profession de la politique sont de
      l’espèce des mauvais professionnels, tous secteurs confondus, et ceci même en les considérant du
      point de vue du monde marchand qu’ils servent pour le reste avec zèle, tant ils ratent leurs
      obligations de résultat, échouent à atteindre leurs objectifs et leurs targets, déçoivent les termes du
      contrat de confiance, méprisent les droits du service après-vente, méconnaissent la règle du satisfait ou remboursé, violentent le droit de retrait du client sous sept jours ouvrés, ne remboursent pas la différence si on trouve moins cher ailleurs, s’assoient sur l’évidence empirico-médiatique du vu à la télé, et même, et pire, et surtout : bafouent l’engagement de fournir le produit correspondant au
      descriptif préalable dudit, – et que ce faisant, toute blague à part, il demeure qu’ils ne cessent de perpétrer un crime véritable contre la notion même de confiance, ne cessent de proclamer et démontrer en leurs actes que les promesses et serments n’engagent en rien ceux qui les font, ne cessent
      d’alimenter nos raisons de douter les uns des autres et de nous-mêmes, ne cessent donc de
      saper un fondement essentiel de la vie ensemble, dont le présupposé minimal est que, sauf
      exception, l’autre est un être capable comme moi-même de bonne foi et que sa parole envers
      moi l’engage et que s’il ne fait pas ce qu’il a promis il aura du moins tout mis en oeuvre pour essayer et mettra tout en oeuvre pour s’en expliquer ; en somme ne cessent d’incarner et réitérer – au plus haut niveau, dans la plus grande visibilité publique, dans une pédagogie puissante du mal fait et du méfait à vaste échelle – une injure et une agression permanentes contre les principes qui les ont portés où ils sont et dont ils sont garants et gardiens, tout cela depuis les lieux mêmes de leur investissement officiel de défenseurs et gérants de la société ;
      – et que ce faisant, toute indignation morale mise à part, il demeure qu’ils ne cessent d’inciter
      massivement par cette trahison récurrente à ne plus croire en aucun engagement, à cultiver
      le cynisme et l’opportunisme comme vertus souveraines, et à laisser le monde dévaler vers
      ses gouffres, où gisent les monstres que l’on sait – les mêmes sans doute aujourd’hui qu’hier,
      mais aujourd’hui armés jusqu’aux dents et jusqu’aux orteils, armés d’armes toujours plus
      destructrices, planétaires et définitives ; et armés de médias toujours plus tentaculaires pour nous le faire oublier, nous faire croire autre chose ou nous détourner d’y songer ; et armés de la complicité contrainte de toutes celles et ceux que leur précarité (savamment programmée
      ou insavamment combattue par ces mêmes hérauts et porte-parole dévoyés ou bâillonnés) écrase ; et armés de l’interdiction d’antenne des paroles qui diraient un peu tout cela, hormis en quelques plages d’élection qui les rendent si rares que, lorsqu’elle se font un peu entendre, elles en paraissent, à nos oreilles tétanisées de bruits rassurants ou d’inquiétudes sur commande, effrayantes de radicalité – quand leur fréquentation posée, débattue, réfléchie et régulière les feraient voir pour ce qu’elles sont : les fruits d’une sagesse vraie et désintéressée, le contraire très exact de ce « bon sens » qui nous gouverne et dont on nous
      gouverne ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que la résignation à cet état de fait, le « rien de nouveau
      sous le soleil », le « réalisme politique » (qui ne définit jamais la réalité dont il parle sinon par des
      tautologies éhontées et biaisées), le ponce-pilatesque lavage de mains sont, en vérité, non des
      attitudes neutres face à ces choses mais un encouragement tacite ou paresseux ou cynique ou
      intellectuellement-très-chic à les laisser durer ; non des positions d’observation sans incidence mais
      des consentements par défaut, par absence de mots publics qui diraient le contraire ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que se taire ou ne pas écouter, ne pas en parler et ne pas
      vouloir en entendre parler, quand il est évident que tant d’endroits sont les foyers déjà en feu des
      incendies futurs du pays et de la planète, c’est laisser que d’autres continuent de mettre, par leur
      négligence ou leur malignité, de l’huile sur ces brasiers et s’en remettre aux explosions à venir pour
      d’hypothétiques nettoyages par le vide ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que notre action dans le monde, action personnelle et
      collective, même minime, n’est pas entièrement sans effet sur le monde, ou si vous l’espérez
      seulement – et surtout si vous l’espérez ;
      et si vous pensez toujours, ou souvent, ou parfois, ou rarement, ou juste quelques instants par an, ne
      fût-ce qu’une partie de ne serait-ce qu’une seule de ces choses ;
      alors, dans l’immédiat et sans exclure tant d’autres choses possibles, il y a deux actes qui s’offrent à
      vous, actes utiles et qui donnent de surcroît du plaisir, deux petits et grands objets à soigner et à
      accompagner, petits parce qu’à notre portée immédiate et à moindres frais, grands par leur force et leur visée :
      • Lire et faire lire chaque mois le journal L’Impossible, fondé voici un an par Michel Butel
      (L’autre journal, c’était lui), en vente dans les kiosques et les (vraies) librairies. Il en est au
      numéro 10. C’est le genre de journal qu’il faut promouvoir pour qu’un jour, entre autres et
      peut-être, les professionnels de la politique cessent d’être des usurpateurs de leurs propres
      promesses et donc de nos mandats et de nos volontés.
      • Voir et faire voir le film Notre Monde, de Thomas Lacoste (Universités, le Grand soir, c’était
      lui), sortie en salle le 13 mars. Il en est à son 6e long métrage, et celui-ci a été produit
      notamment par Agat (Robert Guédiguian et associés). C’est le genre de film qu’il faut
      promouvoir pour qu’un jour, entre autres et peut-être, les professionnels de la politique
      cessent d’être des usurpateurs de leurs propres promesses et donc de nos mandats et de nos
      volontés.
      Deux objets de pensée, deux objets où des pensées prennent formes, deux formes – en mouvement –
      qui donnent à penser.
      Deux mallettes contenant des outils et de quoi fabriquer des outils, de ceux dont nous avons besoin, comme citoyens et collectifs de citoyens.
      Deux objets inscrits dans la durée ; deux lieux où des humains se relient dans un travail en chemin,
      deux lieux où chacune et chacun peut s’associer – ne serait-ce même que par son observation
      méditative et silencieuse – à une aventure collective de recherche et de construction d’une
      « commune pensée », et qui nous donnent, sinon l’assurance, l’espoir que « les mauvais jours
      finiront » ; et deux actes qui contribueront à nous offrir en bonus, le moment venu, quand nous
      quitterons un jour la vie, un tout dernier surcroît de satisfaction d’avoir bien fait notre métier de
      vivre, et le sentiment d’avoir de notre mieux essayé ce qui nous était possible pour, sinon empêcher,
      du moins ne pas précipiter nous aussi, par paresse, par lassitude ou incurie, l’effondrement d’un
      nombre grandissant de vies présentes et futures vers davantage encore d’effroi et de misères.
      Christophe Mileschi