• « The Gatekeepers » : le film qui dérange Netanyahou
    (Diffusé ce soir sur Arte, à 20h50)

    http://www.lepoint.fr/monde/the-gatekeepers-le-film-qui-derange-netanyahou-05-03-2013-1636079_24.php

    La droite israélienne n’a pas aimé le film. Face à la caméra : Avraham Shalom, Yaacov Peri, Avraham Dichter, Youval Diskin, Ami Ayalon, Carmi Gillon, six anciens « patrons » du Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, racontent pendant une heure et demie dans The Gatekeepers ("Les gardiens"), leur lutte contre le terrorisme palestinien mais aussi contre l’extrême droite religieuse juive. Une histoire secrète de trente ans qui débute avec l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, à la suite de la guerre des Six-Jours de 1967, et court jusqu’à fin 2011.

    En parallèle, ils doivent également neutraliser un mouvement terroriste juif qui ira jusqu’à tenter de faire sauter le dôme du Rocher, sur le Haram El Sharif (l’esplanade des Mosquées en pleine vieille ville de Jérusalem, le mont du Temple pour les Israéliens juifs). Une lutte de l’extrême droite juive qui s’affichera au grand jour lors de l’assassinat d’Yitzhak Rabin, en novembre 1995, par Yigal Amir.

    Mais le plus étonnant de la part de ces six « gardiens », au-delà de l’évocation sans fard de leurs échecs et de leurs succès, c’est le jugement qu’ils portent sur la politique des différents gouvernements qu’ils ont servis. « Uniquement de la tactique, jamais de stratégie », déclare Yaacov Peri, chef du Shin Beth entre 1988 et 1994. Pour Youval Diskin comme pour le plus ancien d’entre eux, Avraham Shalom, des batailles ont été gagnées, mais la guerre a été perdue. Autrement dit, Israël n’a pas su créer une situation politique meilleure. En conclusion, tous font le même constat : celui d’une désespérance politique qui ne pourra se résoudre qu’en parlant avec tout le monde : le Fatah, le Hamas, le Hezbollah et... Ahmadinejad. « Même s’ils répondent mal, il faut continuer à parler, il n’y a pas d’autres choix. »
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    Limor Livnat, la ministre de la Culture, met le feu aux poudres. Après avoir dénoncé « ces films qui salissent l’image d’Israël », elle appelle les réalisateurs à s’autocensurer. Les professionnels du cinéma lui répondent par une lettre ouverte dans laquelle ils rappellent que « le rôle du ministre de la Culture est de promouvoir l’art, pas de censurer » ! Si elle conserve son portefeuille, Limor Livnat a annoncé son intention de changer la composition de la commission d’attribution des subventions aux projets cinématographiques.