Phil Reka docs & archives

géographe cartographe information designer

  • Débat sur la « défense de la langue française » dans les milieux académiques (Suite)

    Nathalie Lemarchand, Professeure à l’université de Paris 8 a envoyé un extrait du « bilan » linguistique de la réunion de l’Union géographique internationale spécialement écrit pour le Comité National Français de Géographie :

    Les principaux enseignements

    Un constat : l’effacement de la langue française

    Notre candidat à un poste de vice-président, Yves Boquet, n’a pas été élu lors du vote intervenu le mardi 28 après-midi. Vladimir Kolossov est devenu le nouveau président de l’UGI (47 voix sur 48 votants) : ont été élus Dieter Soyez (2ème mandat), Jarkko Saarinen (Finlande), Joose Droogleever-Fortuijn (Pays-Bas), R.-B. Singh (Inde). Ce résultat, qui en a surpris beaucoup dans la salle, nous a évidemment tous déçus.

    [...]

    L’Anglais est devenu la langue hégémonique alors que le Français est la deuxième langue officielle de l’UGI. Lors de la cérémonie d’ouverture, les projections officielles étaient bien dans les deux langues, Dieter Soyez s’est exprimé en Français, comme la collègue japonaise présentant la conférence régionale de Kyoto en 2013 lors de la cérémonie de clôture, mais en quasi-totalité, les papiers et les interventions ont été rédigés et présentés en Anglais.

    Nous devons donc être en mesure d’affronter cette question linguistique. Les collègues francophiles rencontrés (en particulier les Roumains, les Tunisiens, le Polonais, les Italiens, les très rares Africains francophones) ont tous regretté l’effacement de la langue française.

    On comprend l’importance de ce problème : selon des collègues suédois, Yves Boquet n’a pas été élu parce que la géographie française apparaît trop enfermée dans sa langue, isolée du reste de l’actuelle communauté, peu visible voire ignorée. Comme l’a souligné Monique Fort, il faut entendre ces arguments.

    Que faire ?

    D’abord, notre brochure et nos posters auraient dû être présentés aussi en Anglais, la grande majorité des visiteurs ne lisant pas la langue française et ne s’y intéressant pas du tout (les autres comités ont présenté leurs brochures en deux langues ou uniquement en Anglais). A contrario, l’affiche rédigée en Anglais et annonçant la 8ème conférence de géomorphologie, qui aura lieu en France en 2013, a été très appréciée.

    Ensuite nous interroger collectivement, avec nos collègues francophones et francophiles, sur le devenir des géographies francophones. Une piste a été suggérée par Louis Dupont lors de nos tables rondes, distinguer le problème de la production du savoir géographique de celui de la diffusion.

    En termes de diffusion, nous devons faire un effort de visibilité en langue anglaise, faute de quoi nous serons de plus en plus marginalisés. En termes de conditions et de modalités de la production du savoir, il nous faut rapidement mettre en œuvre le projet présenté par Nathalie Lemarchand lors des derniers conseils du CNFG, en nous positionnant non pas comme des Français frileusement repliés sur eux-mêmes mais comme un vecteur de réflexion sur les géographies autres qu’anglophones.

    Ceci suppose que nous agissions avec les Québécois, les Belges et tous ceux pour qui l’hégémonie de l’Anglais (ou plutôt d’un sabir international dérivé de l’Anglais) impose des normes uniformisantes et dangereuses pour toute pensée libre et critique.)

    #francophonie #français #anglais #géographie #ugi