ARABIE SAOUDITE : Des milliers de domestiques attendent leur retour forcé
Entre 3500 et 5000 employées de maison philippines attendent
depuis un mois dans des campements de fortune devant les
consulats des Philippines à Riyad et à Djedda, en Arabie Saoudite,
de pouvoir rentrer dans leur pays d’origine, rapporte l’agence
d’information des Missions étrangères de Paris « Eglises d’Asie ».
Ces migrantes, avec parfois des enfants en bas âge font partie des
milliers d’employés philippins qui se sont retrouvés sans permis de
travail valide suite à la politique de « saoudisation » décrétée le 6
avril par le roi Abdallah. Le gouvernement a donné jusqu’au 9
juillet 2013 aux travailleurs étrangers pour régulariser leur contrat
de travail, sauf à risquer le paiement d’une amende et l’expulsion du
territoire national, voire l’arrestation et l’emprisonnement.
Si pour l’ensemble des travailleurs étrangers en situation irré-
gulière, la mesure a été perçue comme une menace très réelle, elle
offre, pour une partie des domestiques victimes d’abus de la part
de leur employeur, l’opportunité de fuir enfin le royaume, où tou-
te sortie du territoire est conditionnée à l’obtention d’une lettre
d’approbation de son employeur. Mais une fois parvenues dans le
camp de tentes des consulats, les migrantes sont encore loin
d’avoir achevé leur odyssée. Les autorités saoudiennes leur récla-
ment en effet la lettre d’approbation de l’employeur et le passe-
port qui leur avaient été demandés à leur entrée dans le pays. Les
employeurs font généralement la sourde oreille, voire exigent le
paiement par leur ex-employé des coûts d’agence engagés lors de
l’embauche, ou simplement refusent de rendre les passeports.
Face à cet imbroglio,
les Philippines, qui comptent entre 600 000 et 1,2 million de ressortissants en Arabie Saoudite, ont engagé des
négociations avec Riyad. Manille a déclaré être prête à prendre en
charge le coût de 4000 billets d’avion. Elle a demandé en échange
aux Saoudiens de lever les obstacles administratifs et de ne pas ré-
clamer l’amende de 2000 dollars imposée aux employés rompant
leur contrat. Riyad a fait un geste le 7 mai en déclarant qu’entre 30
et 50 Philippines pourraient rentrer chaque semaine.
APIC
Lu dans Le Courrier du 11 mai 2013