petit-écran de fumée

Le petit écran est une invention formidable, mais il a un défaut majeur : l’absence de trappe de désenfumage.

  • http://www.causeur.fr/henri-guaino-juge-gentil,22484
    Bien dissocier le jugement « juridique » des actes de notre jugement moral sur les personnes, certes.
    Mais le parquet de Bordeaux fonctionne-t-il mieux que celui de Nanterre ?

    La justice, quand elle s’applique dans un monde corrompu par l’argent, défie toutes les lois de la physique : pourquoi ce sont les gros poissons passent le mieux entre les mailles du filet ?

    Cette démarche commodément collective [NDLA : la fronde de Guaino pour sauver Sarkozy], à cause du hasard de l’actualité, se téléscope avec les réquisitions de non-lieu qui ont été prises par le parquet de Bordeaux au bénéfice d’Eric Woerth et de Patrice de Maistre mis en examen notamment pour trafic d’influence passif et actif.
    Cette information annoncée par communiqué le 10 mai par Claude Laplaud, procureur de Bordeaux, nous oblige à réfléchir sur notre rapport avec la Justice, qu’on soit citoyen ou professionnel.
    Pourquoi d’ailleurs cette transmission officielle que la nature de l’affaire n’appelait pas ? Pourquoi cet empressement à montrer que le travail du parquet a été accompli et à exposer ses conclusions ? Pour faire valoir le procureur, pour manifester comment aujourd’hui un parquet libre et indépendant sait tout de même peser à leur juste portée les arguments de part et d’autre et requérir au nom d’une exclusive approche juridique ? Pourquoi n’avoir pas attendu que les juges Gentil, Ramonatxo et Noël aient rendu leur ordonnance conforme ou non à ces réquisitions ? Cette volonté de transparence, si ostensible, ne laisse pas d’étonner (Mediapart).
    Le communiqué du procureur nous indique que le lien de causalité entre l’embauche de Florence Woerth à l’été 2007 par la société Clymène de Patrice de Maistre et la nomination de ce dernier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur “n’est pas formellement démontré”.
    Pourquoi pas, d’autant plus que cette infraction est objectivement ardue à établir ?
    À dire vrai, j’avoue, à ma charge, que mon premier sentiment a été d’éprouver comme une déception. Je n’ai jamais aimé les personnalités d’Eric Woerth et de Patrice de Maistre, dans leur représentation publique et médiatique, et sans doute cette perception n’a-t-elle pas été sans incidence sur mon léger désappointement qui était cependant choquant.
    D’abord parce que la procédure n’est pas terminée et qu’on verra ce que le juge Gentil, honni par Henri Guaino et ses collègues robotisés, décidera avec les deux autres magistrats.
    Mais surtout parce que le problème, lors de la domestication de la Justice par Nicolas Sarkozy, n’a jamais été, pour ceux qui la combattaient, d’appeler à “se payer” Eric Woerth et Patrice de Maistre mais seulement d’exiger qu’en démocratie, l’institution judiciaire ne soit pas ouvertement entravée dans son fonctionnement aussi bien par des blocages procéduraux inadmissibles que par des connivences suspectes et répétées entre le président de la République et le responsable, alors, du parquet de Nanterre.

    et

    Je continue à estimer – et je n’ai pas à considérer que c’est une consolation – qu’il y a eu des attitudes et des comportements qui, de la part d’Eric Woerth et de Jean-François Copé notamment, ont violé non pas forcément des interdictions pénales mais plus profondément l’obligation de décence qui devrait habiter les responsables politiques plus que tout autre. L’embauche de Florence Woerth représentait de toutes manières une entorse à la délicatesse, à l’allure dont son époux ministre aurait dû être le garant, une brèche dans la dignité et la prudence républicaines.
    Pour Jean-François Copé, comment ne pas se rappeler cette scandaleuse photographie où au bord d’une piscine, lui qui était ministre ainsi que Brice Hortefeux, en compagnie, jouissaient de vacances payées par le si généreux Takieddine ?

    #pas_vu_pas_pris