• Palme d’or 1972 « La classe ouvrière va au paradis » d’Elio Petri http://www.ina.fr/video/I00019540 #Cannes #Ciné(phile)

    Evidemment, il se trouvera des #spectateurs pour pointer du doigt la description « caricaturale » de tel ou tel camp, mais l’#objectivité invite à considérer que, de ce point de vue, ce ne sont pas forcément les représentants de la direction de l’usine les plus mal lotis : à titre d’exemple, on ne peut pas dire que Petri épargne ces #étudiants #communistes braillards, qui donnent leurs leçons aux #ouvriers en hurlant dans leurs mégaphones et qui ne sont plus disponibles lorsque l’on a besoin d’eux. La #caricature existe donc, dans La Classe ouvrière va au paradis, elle est même #volontaire, parfaitement intrinsèque au projet : dans la grande famille du cinéma #politique italien, vous avez différents profils. Vous avez le bon élève, exemplaire, qui décrit les choses avec une précision redoutable et un sens de la mesure qui l’honore : c’est Francesco Rosi. Vous avez les petits futés qui, l’air de rien, utilisent le rire comme arme de dénonciation massive : ce sont les maîtres de la comédie satirique, au premier rang desquels on aurait envie de mettre #Pietro_Germi ou #Dino_Risi. Et puis vous avez le sale gosse, l’ingérable, le gueulard, l’agité, l’outrancier. Vous avez Elio Petri. Oui, son trait est grossier, sa forme est excessive, son ton est irrévérencieux, mais c’est son tempérament qui s’exprime et, crénom de nom !, il a des choses à dire. Reprocher à La Classe ouvrière va au paradis d’être un film hystérique reviendrait en quelque sorte à reprocher à #Tarkovski de s’adonner à la contemplation ou à #Marcel_Carné de faire du réalisme poétique ! Bon, évidemment, on peut simultanément reconnaître qu’un cinéaste a de la personnalité et toutefois ne pas aimer celle-ci, c’est un droit. Surtout, en l’occurrence, si on est allergique aux #zooms/#contre-zooms… aux #gros_plans #expressionnistes sur des visages déformés par l’effort ou la rage… ou au bruit.
    Car l’atmosphère #sonore, justement, de La Classe ouvrière va au paradis suffit à en décrire l’essence même : saturée de sons à l’origine souvent indéfinie, constamment enveloppée dans le #vacarme et le #désordre, elle participe au sentiment d’#oppression général ; et ce serait un oubli honteux que de ne pas mentionner maintenant la célèbre partition, étrange et mécanique, composée par #Ennio_Morricone pour l’occasion. S’appuyant sur les sons internes à l’usine, elle les reprend, se confond avec eux, en reprend la rythmique agressive, les annonce ou les prolonge, et ce n’est pas un hasard si le #film s’achève sur la reprise du thème principal - après le fameux récit du rêve - tandis qu’à l’image, au bout de la chaîne, un chariot est manipulé par un vieil ouvrier incarné par Ennio Morricone lui-même...

    #Cinéma #Engagé #Syndicats #Usine #Luttes_des_Classes Italie #Elio_Petri #Vidéo