Rumor

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  • Une interprétation du nouvel horizon d’action du Hezbollah
    par Ibrahim al-Amin, rédacteur en chef d’Al Akhbar

    Hezbollah and the New Levant | Al Akhbar English
    http://english.al-akhbar.com/content/hezbollah-and-new-levant

    when Hezbollah decided, openly and blatantly, to penetrate the heart of the battle against the armed groups in Syria, it did so with awareness of its new role. It is not an objective reaction or a tit-for-tat service provided to the Syrian regime after a quarter century of support.

    Common sense says that this mission seeks to regain the individual and collective rights of Arabs to resist the occupation of the US, Israel, or their agents in the Levant.
    The new role of Hezbollah is to lead a Levantine – if not Arab – current, aiming to redraw the political, economic, and social map of a country of 75 million Arabs. Hezbollah can be a lever, but cannot produce a complete transformation and never claimed so.

    Common sense says that this mission seeks to regain the individual and collective rights of Arabs to resist the occupation of the US, Israel, or their agents in the Levant. The mission aims to revive the real national identity of all Arabs.

    In the first phase, it requires the elimination of all narrow viewpoints, whether we call it “an independent national decision” or “my country first.” This means all of the people of the Levant, from Palestine and Jordan, to Lebanon and Syria, to Iraq, Turkey, and the Arabian Gulf.

    As a consequence, I advise anyone who wants to get rid of Hezbollah to start acting as if the issue is no longer related to military and security groups, a neighborhood or two, or a border strip monitored by an international police force or the like.

    I am speaking of a current with a mix of leftists and Syrian and Arab nationalists. It has a tremendous base of poor who aspire for full independence that protects their cultural and social diversity, before the political and the administrative. It is this diversity that will eliminate the thought of takfiris led by the Saudis and their relatives.

    C’est certainement un texte important mais qui pose aussi beaucoup de questions, comme je l’évoquais dans un précédent post (http://seenthis.net/messages/145269) :
    – Abandon de la posture de libanisation pour une arabisation du conflit
    – Ce changement de vision et de justification va à l’encontre des explications du même Ibrahim al-Amin dans ses précédents éditoriaux justifiant l’intervention du Hezb en Syrie par la défense de ses intérêts nationaux et libanais et notamment du maintien de ses lignes d’approvisionnement et de ses repères identitaires chiites
    – Mais quelle base sociale et politique pour ce renversement majeur d’orientation et d’idéologie politique ? I. Al Amin évoque un courant de gauche et de nationalistes arabes. Hormis dans quelques cercles intellectuels à Beyrouth, existe-t-il un soutien à un tel mouvement ? la capacité de mobilisation de la jeunesse chiite - et au-delà, de la population chiite libanaise - que vante I. al-Amin dans ce billet correspond-elle à cette vision ? On peut en douter.

    • J’ai lu ce texte hier, et j’ai eu des doutes aussi.

      Mais en fait, est-ce qu’il se place dans la logique des militants « traditionnels » du Hezbollah (islamistes, chiites, conservateurs), ou est-ce qu’il tente d’expliquer pourquoi les « nationalistes arabes, syriens » et « gauchistes » doivent continuer à soutenir le Hezbollah ? (qui sont certainement plus les lecteurs du Akhbar au Liban)

      Il y a régulièrement des tentations des milieux de gauche occidentaux de considérer le Hezbollah comme une forme de théologie de la libération, et c’est sans doute une erreur. D’où le besoin, tout de même, de théoriser ou élargir le soutien des milieux laïcs (libanais, arabes…) à un parti conservateur et islamiste au-delà du seul soutien militaire. Surtout quand l’action militaire du parti en Syrie est problématique pour une bonne partie des gauchistes arabes/libanais (le Akhbar en a clairement souffert).

    • Il me semble encore difficile de décrypter le tournant pris par le Hezbollah. Il appelle pourtant plusieurs remarques :
      – qu’il le veuille ou non, l’intervention du Hezbollah accentue le caractère confessionnel du conflit ; il peut bien sûr arguer qu’il n’est pas le premier, que les salafistes ont utilisé cette carte, etc. mais est-ce suffisant ?
      – l’idée de dire que désormais il ne s’agit plus d’une bataille locale mais à l’échelle régionale peut susciter des ralliements des nationalistes arabes « ancienne mouture » ; mais elle occulte totalement l’aspect novateur des révolutions arabes et le caractère des régimes en place, notamment du régime syrien ;
      – on peut, à juste titre, dénoncer les exactions et les massacres commis par les salafistes, puisqu’ils s’affichent parfois sur le net ; mais est-ce une raison pour oublier ce qui se passe dans les prisons syriennes où la torture et les massacres à grande échelle sont monnaie courante.