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  • Un précurseur de la décroissance : William Morris ou l’utopie réalisée | Serge Latouche (Contre-feux)
    http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/Un-precurseur-de-la-decroissance.html

    La décroissance renoue aujourd’hui avec l’inspiration première du socialisme, celui qui a été qualifié non sans ambiguïté d’utopique. Mais voilà déjà quelques années, lorsque j’ai désigné William Morris comme un précurseur de la décroissance, j’ignorais le texte que le lecteur va découvrir. Je ne connaissais de lui que son ouvrage le plus célèbre, News from nowhere (Nouvelles de nulle part), écrit en 1890 pour servir de feuilleton au Commonweal, le journal de la Socialist League. Or, incontestablement, nombre de penseurs auxquels se réfèrent les objecteurs de croissance ont été des utopistes, et souvent des hérétiques par rapport à la doxa de la gauche marxiste ; je pense à Paul Lafargue, Jacques Ellul, Ivan Illich, André Gorz, auxquels il conviendrait d’adjoindre Bernard Charbonneau, Cornelius Castoriadis, sans parler de Tolstoï, Gandhi, ou Thoreau. À travers eux, la décroissance rejoint les fortes critiques des précurseurs du socialisme contre l’industrialisation et une vision non dogmatique de la construction d’une société plus juste. Relire ces penseurs, et William Morris en particulier, voire réévaluer le luddisme, ce mouvement de révolte contre les machines du début du XIXe siècle, permet de redonner sens au socialisme dans une vision écologique telle qu’elle a pu être développée chez André Gorz [1].