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  • Isabelle Stengers : « La gauche a besoin de manière vitale que les gens pensent » | Humanite
    http://www.humanite.fr/tribunes/isabelle-stengers-la-gauche-besoin-de-maniere-vita-545901

    C’est ce que vous nommez 
la réappropriation ?

    Isabelle Stengers. Se réapproprier, ce n’est pas seulement lutter contre l’exploitation, pour la redistribution des richesses produites. C’est guérir des effets de l’expropriation, ­redevenir capable d’affirmer et de lutter pour ce à quoi on tient. C’est la condition de ce qu’on ­appelle parfois une intelligence ­collective, ­chacun apprenant à penser par, grâce et avec les autres.

    Le collectif est puissant de ce qu’il est ­multiple, de ce qu’il invente des manières de poser les problèmes dont chacun, isolément, serait incapable. Les activistes américains ont beaucoup appris à ce sujet, car ils ont compris que cette réappropriation ne peut attendre la «  révolution  », elle doit faire partie de la lutte elle-même.

    Bon, par contre, faites gaffe les gens... Choisissez bien les membres de vos collectifs hein... ;-)

    • #desespoir ?

      Selon Gilles Deleuze, il existe une différence de nature entre gauche et droite. La gauche a besoin de manière vitale que les gens pensent. Cela ne veut pas dire qu’ils fassent des théories, mais qu’ils prennent en main ­collectivement les affaires qui les concernent. Au XIXe siècle, c’est ce qu’a fait la classe ouvrière lorsqu’elle a créé les mutuelles, les bourses du travail. La droite a besoin, elle, que les gens acceptent l’ordre établi, peu importe lequel, du moment qu’ils le respectent. Les dispositifs qui produisent de l’égalité sont donc «  de gauche  ». Ce qu’ils demandent est parfois dur, mais apprendre ensemble à être à la hauteur du problème posé, à ne pas le soumettre à des généralités est un événement créateur de joie. Lorsque des voix jusque-là étouffées et disqualifiées, réduites à des grognements, sont transformées en savoirs articulés, le problème devient meilleur à poser. Des alliances inattendues deviennent possibles. Ce qui nous menace est la division et le ressentiment : la joie est le contraire du ressentiment, et c’est elle qui peut être communiquée à d’autres. Il faudrait la faire sentir par des récits montrant comment des catalyses, des entraînements et des ouvertures d’imagination ont vu le jour alors que tout semblait bloqué : «  Si c’est possible là alors cela peut l’être ici !  »