• Les femmes célèbres sont-elles des grands hommes comme les autres ?
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    La problématique de cet ouvrage interroge l’oscillation entre représentations conventionnelles de la féminité (charité, maternité, abnégation, dévouement, martyre) et transgressions des normes de sexe et de genre (combativité, courage, héroïsme, éloquence, créativité) dans la statuaire. Dès l’introduction, Christel Sniter pose cette dichotomie comme une question centrale : « L’inscription des femmes célèbres dans ce panthéon des grands citoyens invite à se demander si elles ont la même fonction [...] ou si elles ne sont que le miroir des femmes dans la société et donc des simulacres de femmes émancipées, plus procréatrices que créatrices. Ces statues proposent-elles une vision de la femme masculine ou féminine, traditionnelle ou citoyenne ? » (p. 38). L’ouvrage tente d’y répondre par des angles d’approche de la statuaire différents (données quantitatives et qualitatives, cartographies, enquêtes ethnographiques, analyses esthétiques), qui tous mènent à la même conclusion : si l’on peut a priori penser que les statues offrent une nouvelle image des femmes (« Vers une nouvelle représentation de la femme ? », p. 321), elles ne sont en fait le plus souvent que le reflet des valeurs habituellement attribuées à la féminité (« Des femmes rattrapées par les idéaux-types dominants », p. 347). Les femmes publiques restent donc enfermées dans les carcans de la féminité construits par la société : les révolutionnaires sont charitables, les combattantes sont martyres, les artistes sont maternelles. « Les statues de femmes incarnent donc des valeurs spécifiques au sexe faible, non pas la créativité, le génie visionnaire, l’esprit supérieur, la rationalité ou l’inspiration, mais plutôt la protection, la souffrance, la dévotion, le sacrifice, d’une part, le divertissement de l’autre » (p. 374).

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