Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Les deux conseils sexo que me demandent les hommes | Le ticket de Metro d’Ovidie
    ▻http://www.metronews.fr/blog/ovidie/2013/08/21/les-deux-conseils-sexo-que-me-demandent-les-hommes
    Ovidie fait ici un constat intĂ©ressant, sans aller jusqu’à chercher une variable explicative, mais la simple existence de ce constat est extrĂȘmement rĂ©vĂ©latrice d’une sexualitĂ© orientĂ©e autour de la #domination de la femme.

    Mais ce qui m’étonne est la rĂ©pĂ©tition Ă  l’infini de la structure de cette demande de conseils, oĂč seule varie l’orthographe :

    Bonjour,

    ma partenaire refuse de :

    1, pratiquer la #sodomie

    Ou

    2, me laisser éjaculer dans sa bouche

    Comment puis-je la convaincre ?

    Croyez-le ou non, j’ai reçu ce type de messages plusieurs centaines de fois. La premiĂšre fois, on rĂ©pond. Au bout de plusieurs dizaines, on s’interroge. Au bout de plusieurs centaines, on s’inquiĂšte sincĂšrement.

    Il n’est pas question ici de jouer les MĂšre La Pudeur et de condamner ces pratiques. Il n’existe pas de maniĂšre politiquement correcte de vivre sa #sexualitĂ©. Mais ce qui me terrifie dans ce type de mail, outre la lourde insistance, est la #pauvretĂ© dont il tĂ©moigne. Car la quasi totalitĂ© de ces demandes sont focalisĂ©es uniquement sur ces deux pratiques : sodomie, Ă©jaculation faciale. Rien, absolument rien, sur le reste de la sexualitĂ©.

    « Non » signifie « non », mĂȘme dans le cadre d’une relation affective

    Ce qui me dĂ©range le plus dans ce type de courrier est l’idĂ©e qu’un homme puisse insister lourdement auprĂšs de sa partenaire jusqu’à ce qu’elle finisse par accepter Ă  contre-coeur une pratique qu’elle a dĂ©jĂ  refusĂ©. « Non » signifie pourtant bien « non », mĂȘme dans le cadre d’une relation affective. Et ce « non », ne semble pas entendu.

    • SexualitĂ© orientĂ©e autour de la #domination de la femme, c’est sĂ»r, mais concrĂštement l’obsession pour ces deux pratiques ne tombent pas du ciel, c’est juste une norme dictĂ©e par la culture du porno. Si le porno dĂ©crĂ©tait que le must du plaisir sexuel masculin Ă©tait de se faire lĂ©cher les pieds par une femme, Ovidie recevrait des centaines de lettres de mecs qui se demandent comment inciter leurs nanas Ă  leur lĂ©cher les pieds...

    • Certains prĂ©tendront, sans doute hĂątivement, que la pornographie a peut-ĂȘtre dĂ©traquĂ© l’univers fantasmagorique masculin, au point de le rĂ©duire Ă  ces deux pratiques. Mais on peut se demander qui de la poule ou de l’oeuf est Ă  l’origine. Ces deux pratiques ont-elles Ă©tĂ© systĂ©matisĂ©es et sur-reprĂ©sentĂ©es parce qu’elles correspondaient Ă  une demande de la part des spectateurs ? Ou est-ce l’offre qui a créé le besoin, et la « norme » ? Et limiter l’ensemble de l’influence qu’exerce notre environnement culturel Ă  la pornographie ne serait-il pas simpliste ?

    • @mad_meg : Oui bien sur il y a la poule et l’Ɠuf et je suis d’accord pour dire que le porno n’a pas sorti ça du chapeau. Parmi la multitude de pratiques relayĂ©es par le porno, le fait que ces deux pratiques soient devenues une norme dans la scĂ©nographie autant que dans l’esprit des mĂąles contemporains n’est sans doute pas le fruit du hasard et on doit pouvoir l’expliquer de façon assez rationnelle.

      Pour autant, pour avoir grandi en passant par des vestiaires de mecs, une caserne de pompier et un rĂ©giment de paras, mon intuition nourrie par mon seul vĂ©cu me dit que sans la culture pornographique comme Ă©dicteur de normes, il y aurait moins de mecs Ă  se demander de quoi ils sont coupables ou incapables pour mĂ©riter une sexualitĂ© sans sodomie ou fellation, ou pourquoi ils sont tombĂ©s sur une nana qui leur refuse ça. Bref il y aurait moins de souffrance dans les couples, et de souffrance d’autant plus idiote que cette frustration comme tant d’autre est crĂ©e de toute piĂšce par une norme sociale totalement inutile, comme toutes les normes comportementales.

      Bien sĂ»r que ce n’est pas la pornographie qui a rendu le mĂąle idiot dans l’alcĂŽve, et je comprends que pour Ovidie ce soit difficile Ă  accepter tant le porno est pour elle quelque chose de plaisant, mais on est typiquement dans un problĂšme de « morale publique ». C’est Ă  dire qu’on en est Ă  remettre en cause des libertĂ©s (crĂ©ation et consommation de porno) Ă  cause des consĂ©quences sociales, et c’est pas agrĂ©able. Un peu comme le bobo (dont je suis) qui a du mal Ă  admettre que la consommation du cannabis est globalement nocive pour la population et que la dĂ©pĂ©nalisation ne coule pas de source.
      Je ne suis Ă  priori pas pour la prohibition, mais au moins pour qu’on se donne le courage de regarder en face les effets de toutes pratiques controversĂ©es afin de chercher Ă  en attĂ©nuer les consĂ©quences malignes.

      Bon comme je disais je n’ai pas d’autres moyen d’étayer mon intuition que mon propre vĂ©cu, il existe sans doute des tas d’études sur l’influence rĂ©elle de la pornographie sur les pratiques sexuelles, aussi je vais essayer de motiver mon amie @salambo pour qu’elle veuille bien nous Ă©clairer sur ce genre de questions.. :-)

    • Merci pour ta sollicitation bien que la rĂ©ponse ne soit pas facile. En fait, d’aprĂšs les Ă©tudes sĂ©rieuses sur la sexualitĂ© en France, la fellation Ă©tait une pratique de la prostitution qui a Ă©tĂ© progressivement introduite dans le mariage au moment (Ă  partir des annĂ©es 70) oĂč celui-ci a Ă©tĂ© conçu comme devant ĂȘtre le cadre d’une « sexualitĂ© Ă©panouie » (et pas seulement de la reproduction). Pour ce qui est de l’éjaculation faciale, elle vient directement de la culture pornographique : c’est pour que le spectateur voit qu’il y a vĂ©ritablement Ă©jaculation (que le mec jouit vraiment). Pour ce qui est de la sodomie, je n’en sais rien... Mais probablement qu’il s’agit Ă  la fois d’une pratique de la prostitution importĂ©e dans le domaine amoureux et d’une « tendance » créée par la culture porno. Mais la sodomie a une histoire particuliĂšre dans le sens oĂč il s’agit d’un tabou majeur dans les cultures judĂ©o-chrĂ©tiennes. En espĂ©rant que mes lumiĂšres Ă©clairent la discussion :-)

    • Les politiques prĂ©ventives sont forcĂ©ment Ă©ducatives, via l’école, la publicitĂ©, voire un dialogue avec l’industrie du porno (pourquoi pas)...
      Ovidie doit-elle tenir seule Ă  bout de bras le conseil et le soutien Ă  des couples mal barrĂ©s, elle qui dit qu’elle reçoit des questions que les gens n’osent pas poser Ă  leur gynĂ©co ?

      Je trouverais dommage qu’entre le monde universitaire oĂč des sociologues peuvent rĂ©flĂ©chir Ă  la question, et les autres instances publiques au contact de la population (enseignants, assistantes sociales, psychologues scolaires), il n’y ait pas de passerelle pour lutter contre des phĂ©nomĂšnes sociaux dĂ©vastateurs tels que celui ci...