• » [Article] Les cinq stades de l’effondrement, par Dmitry Orlov
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    Ce qui arrive aux États-Unis maintenant est largement similaire, avec certaines polarités inversées. Les États-Unis sont un importateur de pétrole, brûlant jusqu’à vingt-cinq pour cent de la production mondiale, et important plus des deux tiers de cela. Au milieu des années 1990, quand j’ai commencé pour la première fois à essayer de deviner le moment de l’effondrement des États-Unis, l’arrivée du pic global de la production pétrolière était prévue aux environs du tournant du siècle. Il s’est avéré que l’estimation était décalée d’une décennie, mais c’est assez précis, en fait, pour ce genre de grandes prédictions. Et voilà le prix élevé du pétrole qui met un frein à davantage d’expansion de la dette. Tandis que les prix plus élevés du pétrole déclenchent une récession, l’économie commence à se contracter, et une économie qui se contracte ne peut soutenir un niveau d’endettement en expansion perpétuelle. À un certain point la capacité de financer les importations de pétrole sera perdue, et ce sera le point de basculement, après lequel rien ne sera plus jamais pareil.

    Ceci n’est pas pour dire que je crois à une sorte de déterminisme de l’énergie. Si les États-Unis réduisaient leur consommation d’énergie d’un ordre de grandeur1, ils consommeraient toujours une quantité invraisemblablement énorme, mais une crise énergétique serait évitée. Mais alors, ce pays, tel que nous avons l’habitude de le concevoir, n’existerait plus. Le pétrole est ce qui actionne cette économie. À son tour, c’est cette économie basée sur le pétrole qui rend possible le maintien et l’augmentation d’un niveau d’endettement extravagant. Donc, une réduction drastique de la consommation de pétrole causerait un effondrement financier (plutôt que l’inverse). Quelque autres stades d’effondrement suivraient, dont nous discuterons ensuite. Ainsi, on peut voir cet appétit bizarre pour le pétrole importé comme un échec culturel, mais ce n’en est pas un qui peut être défait sans causer beaucoup de dommage. Si l’on veut, on peut appeler cela du déterminisme ontologique : ça doit être comme c’est, jusqu’à ce que ce ne soit plus.

    Je ne veux pas suggérer que chaque partie du pays va soudainement subir une panne d’existence spontanée, en revenant à une nature inhabitée. Je suis d’accord avec John Michael Greer2 que le mythe de l’apocalypse n’est pas le moins du monde utile pour faire face à la situation. L’expérience soviétique est très utile ici, parce qu’elle nous montre non seulement que la vie continue, mais aussi exactement comment elle continue. Mais je suis tout à fait certain qu’aucune quantité de transformation culturelle ne nous aidera à sauver divers aspects clefs de cette culture : la société de l’automobile, la vie dans les banlieues3, les grandes surfaces, le gouvernement affairiste, l’empire global, la finance incontrôlée.

    D’un autre côté, je suis tout à fait convaincu que rien de moins qu’une profonde transformation culturelle ne permettra à un nombre significatif d’entre nous de garder un toit au dessus de la tête, et de la nourriture sur la table. Je crois aussi que le plus tôt nous commencerons à abandonner notre bagage culturel inadapté, plus nous aurons de chances de tenir. Il y a quelques années, mon attitude était juste de continuer de regarder les événements se dérouler, et de garder cette histoire d’effondrement comme une sorte de passe-temps macabre. Mais le cours des évènements est certainement en train de s’accélérer, et maintenant mon sentiment est que le pire que nous pourrions faire est de prétendre que tout ira bien et de passer le temps restant dans l’organisation actuelle de notre vie, sans rien pour la remplacer une fois qu’elle aura commencé de s’arrêter.

    Maintenant, pour en revenir à mes propres progrès personnels sur ces questions, en 2005 j’ai écrit un article appelé Leçons post-soviétiques pour un siècle post-américain. Initialement, je voulais le publier sur un site tenu par Dale Allen Pfeiffer4, mais, à ma surprise, il a fini sur From the Wilderness, un site bien plus populaire tenu par Michael Ruppert5 et, à mon étonnement croissant, Mike m’a même payé pour cela.

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