Reka

géographe cartographe information designer - rêveur utopiste et partageur de savoirs

  • Un extraordinaire travail de cartographie des concessions minières en norvège (plusieurs milliers) référencées avec des informations confidentielles « leakées »

    par Bente Bjercke

    Fusion table leterettigheter mineraler august 2013 - Google Fusion Tables

    Source et crédit : Google/Kartdata/Dirmin/Bjercke

    https://www.google.com/fusiontables/embedviz?q=select+col10+from+11tfp6PIRBx9euSa9pBwHGxU_7laMDCW2-FachwM+where+

    https://dl.dropbox.com/s/icmkyvg8fs7udxf/mines%20norv%C3%A8ge.png

    #norvège #mines #fennoscandie #finmark

    • Comme j’ai assisté à la conférence de Bente Bjorcke, je vous en fait une synthèse, car j’ai pris des notes...

      C’était lumineux, et enthousiasmant. Un travail de recherche minutieux, sur le temps long. On est transporté par l’histoire qu’elle raconte et impressionné par la force de ses convictions.

      https://dl.dropbox.com/s/lqx88j4rfwcg5yc/bente.jpg
      Bente Bjercke, Tromsø (Norvège) septembre 2013.

      Un peu moins de la moitié des concessions minières norvégiennes sont situées dans le nord, dans le FInmark (1200 sur 2900). Certaines sont déjà exploitées, d’autre toujours en prospection, mais pour l’essentiel la localisation et la distribution de ces concessions se fait avec une belle ignorance de la culture sami, et de la manière dont les samis utilisent ce territoire.

      La mine de fer de Sydvaranger près de Kirkenes appartient à une compagnie connue sous le nom de « Northern Iron Limited » enregistré à la bourse de... Sidney en Australie. La plupart des actionnaires sont australiens ou asiatiques. Le principal actionnaire norvégien, Félix Tschudi, est un ami proche de Jonas Gahr Støre, l’ancien ministre des affaires étrangères norvégien. Il a acheté cette mine pour 102 millions de couronnes norvégienne en 2007, le potentiel ’exploitable’ est estimé à plus de 100 milliards de couronnes norvégiennes.

      La production de déchets miniers est énorme, ils ne savent pas trop quoi en faire. Mais heureusement la Norvège est bourrée de fjords, la plupart sont très profonds...

      Les politiciens norvégiens depuis 2007 ont accepté que les fonds de fjords soient utilisés comme sitew de dépôt pour ces déchets, en violation avec la loi norvégienne sur l’eau et la directive européenne sur l’eau ainsi que l’article 27 de la déclaration des Nations unies pour les droits humains (ça fait beaucoup).

      Les deux fjords victimes sont le Reppafjord et le magnifique Førdefjorden. Ils pourraient bien devenir la poubelle de l’industrie minière norvégienne. Deux autres fjords sont déjà très endommagés car utilisé depuis longtemps par l’industrie minière comme lieu de dépôt pour les déchets miniers : Bøkfjorden et Ranfjorden.

      En juillet 2013, Les deux principales agences environnementales norvégiennes qui étaient relativement indépendantes ont été regroupées en une seule institution placée sous l’autorité du ministère de l’environnement : la direction pour l’aménagement du milieu naturel et l’agence norvégienne pour le climat et la pollution.

      La mine de Sydvaranger a été autorisé par les autorités à utiliser du magnafloc 107 (toxique), et la mine de Rana du Lilaflot (encore plus toxique) pendant plus de 25 ans.

      Malgré la loi sur la transparence et l’accès aux documents administratifs publics, beaucoup de documents officiels concernant l’activité minière sont inaccessibles, en particuliers ceux qui traitent de la questions des produits chimiques utilisés pour le traitement...

      Les autorités restent très silencieuses sur la pollution chimique de certaines rivières. La rivière Folla est totalement morte, plus aucun poisson sur 12 km. Le gouvernement est bien obligé d’admettre qu’il y a un problème mais refuse de faire le lien avec l’activité minière en amont.

      Trond Giske, le ministre du commerce a déclaré en 2011 à la chaine de télévision norvégienne NRK : "les fjords norvégiens sont très profonds, plusieurs centaines de mètres de profondeur, il y a donc beaucoup de place pour y déverser les déchets miniers" . Puis un peu plus tard, il avoue "l’industrie minière norvégienne a très mauvaise réputation, et je pense que c’est amplement mérité !"

      La compagnie minière Nussir a réussi à fédérer les soutiens de beaucoup de politiciens, particulièrement du parti travailliste qui souhaite développer l’industrie pétrolière et minière dans le nord du pays.

      Les mesures prises dans l’eau et les sédiments à Nussir montrent que la mine déverse des substances ultra-toxiques. Nussir prévoit de déverser plus de deux millions de tonnes de déchets provenant de la mine de cuivre dans le Reppafjorden... On reste sans voix parce qu’on est pas en Papouasie Nouvelle-Guinée, mais en Norvège...

      Les résultats des analyses (officielles) pour Nussir sont désastreux :

      https://dl.dropbox.com/s/3ievg2udb6sk1gq/nussir.JPG

      Comparaison des résultats des prélèvements de Nussir avec le tableau des classes de gravité pour la contamination des fonds marins :

      Backgrunn = état naturel
      God = dose acceptable
      Moderat = présence modérée du contaminant
      Dårlig = présence importante du contaminant (mauvais ou toxique)
      Svært dårlig = présence très importante du contaminant (très mauvais ou très toxique)

      Nussir avgang = échantillons pris à Nussir

      La suite bientôt ...

    • Oui, il y a des similitudes aussi avec nos études environnement et sécutrité sur les mines en Asie centrale (Kirghizstan et Tadjikistan) ainsi que celle qui est au centre de notre documentaire (Voyage au centre de l carte) en Géorgie dans le Caucase (Madneouli). C’était il y a presque 10 ans maintenant. Je serai curieux d’y retourner pour voir où cela en st maintenant.

      Mêmes systèmes de traitement, même mensonges, même impunité finalement