Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Vive la RTT !
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La classe dominante et ses porte-parole veulent augmenter la durée du travail, que ce soit à la semaine (sus aux 35 heures ou ce qu’il en reste !) ou sur l’ensemble de la vie (la retraite de plus en plus tard). Le gouvernement s’empresse de satisfaire cette exigence en projetant de rallonger (indéfiniment ?) la durée de cotisation pour prétendre à la retraite. Et, aux yeux de la Commission européenne, il n’en fait pas encore assez. Monsieur Barroso vient de déclarer : « Je ne suis pas en train de proposer la diminution du salaire minimum en France. Ce que je dis, c’est que les coûts du travail en France sont plus élevés que dans la plupart de ses partenaires européens et cela pose un problème de compétitivité. Il existe plusieurs voies pour réduire les contributions des entreprises. Il ne serait pas choquant, par exemple, d’avoir un report de l’âge de la retraite. C’est ce qu’ont fait beaucoup d’autres pays, à 65 ans, voire plus. Si nous voulons gagner la bataille de la mondialisation, il nous faut plus de travail, pas moins de travail. Quarante heures, c’est à mon avis parfaitement légitime ».[1]
Légitime pour les intérêts que Monsieur Barroso défend, car la réduction du temps de travail a toujours été, depuis l’aube du capitalisme, la bête noire des patronats, depuis les Maîtres des forges au XIXe siècle jusqu’au Medef aujourd’hui, lesquels ont de tous temps très bien compris que réduire le temps de travail des prolétaires impliquait de revoir la répartition des revenus. D’où l’hostilité sans faille à toute RTT, à la journée, à la semaine, à l’année avec les congés payés, ou sur l’ensemble de la vie avec la retraite.
Légitime pour ces intérêts et donc cruel pour les travailleurs, mais idiot sur le plan de la société. Une preuve supplémentaire est donnée par l’exemple britannique et rapportée par Le Monde, l’une des voix de la sagesse journalistique ayant épousé la cause des actionnaires : « La faible productivité britannique suscite des questions sur l’état réel de l’économie »[2] La productivité horaire des travailleurs britanniques serait, en 2012, 16 % inférieure à la moyenne de celle des pays du G7, de 24 % par rapport à l’Allemagne et de la France et 29 % par rapport aux États-Unis. Mais le meilleur de l’étude est à venir : « Le problème s’est accentué depuis 2007. Avec l’Italie, le Royaume-Uni est le seul pays à ne pas avoir retrouvé sa productivité d’avant la crise. Et ce n’est pas parce que les Britanniques sont paresseux. En moyenne, ils travaillent 1648 heures par an, loin devant les Français (1479 heures) et les Allemands (1397 heures). » Et le journal de poursuivre son compte rendu : « Face à ce phénomène, les économistes se confondent aujourd’hui en explications. ».....