enuncombatdouteux

NI ACTUALITÉS NI COMMENTAIRES, ..... DU COPIER-COLLER ET DES LIENS... Un blog de « curation de contenu » : 82 LIVRES , 171 TEXTES et 34 DOCUMENTAIRES :

  • La seconde mort de l’alchimiste Paracelse

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/04/11/la-seconde-mort-de-l-alchimiste-paracelse_3158427_1650684.html

    Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison." Par cette phrase, Philippus Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim - mieux connu sous le nom de Paracelse - a fondé la toxicologie. Le médecin, astrologue et alchimiste suisse est mort en 1541, mais cette doxa issue de son intuition de médecin lui a largement survécu : elle est toujours utilisée, aujourd’hui, pour évaluer les risques liés aux substances chimiques de synthèse.

    Scientifiquement, elle est pourtant désormais caduque.
    Que signifie-t-elle ? Sur son site Web, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) la traduit ainsi : « Plus la dose absorbée d’un produit chimique est élevée, plus l’effet est important, ainsi que la probabilité d’un effet indésirable. » A petites doses, petits effets ; à fortes doses, effets importants. Le constat semble de bon sens mais, depuis plusieurs années, il est battu en brèche : dans certaines périodes du développement - en particulier la période périnatale ou l’adolescence -, l’exposition à de très faibles doses de certaines substances peut produire des effets plus importants qu’à des doses plus élevées... Les relations entre la dose et l’effet sont alors irrégulières : les chercheurs parlent de « courbes dose-réponse non monotones ».

    Y a-t-il réellement controverse ? En 2012, une vaste revue de la littérature scientifique conduite par la biologiste Laura Vandenberg (Tufts University, à Boston) et publiée dans la revue Endocrine Reviews a pourtant identifié près de 800 études montrant de tels effets baroques. A l’heure actuelle, l’écrasante majorité des scientifiques qui ne croient pas à ces effets sont les experts d’agences de sécurité sanitaire.

    Mais même au sein des agences, les choses changent, et le vieux Paracelse doit se préparer à une seconde mort. Dans son rapport sur le BPA rendu le 9 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dit avoir identifié 17 études montrant de telles étrangetés toxicologiques pour le seul BPA. Au total, ces travaux documentent « 59 relations dose-effet non monotones identifiées pour différents types d’effets : 11 in vitro et 48 in vivo », essentiellement sur des rongeurs, écrivent les chercheurs réunis par l’Anses.

    Voilà plusieurs années, l’EFSA a calculé cette Noael à partir de travaux industriels et, en appliquant des facteurs de sécurité, a fixé la dose journalière admissible de BPA à 1 000 fois moins que la Noael. En partant du bon principe de Paracelse voulant que de plus faibles doses produisent des effets plus faibles, il ne devrait pas y avoir le moindre problème... « Pourtant, il y a aujourd’hui pour le BPA plus d’une centaine d’études montrant des effets au-dessous de la dose journalière admissible et plus de 250 études montrant des effets au-dessous de la Noael, dit Laura Vandenberg. Mon interprétation de ces résultats est que la Noael, donc la dose journalière admissible, devrait être revue à la baisse. »

    L’Anses formule - en creux - une opinion semblable. Car si les experts de l’agence française n’ont pas tenu compte des relations dose-effet non monotones dans leur évaluation des risques, ils se sont appuyés sur d’autres données que celles de l’EFSA pour fixer une valeur-seuil d’exposition au BPA. Une valeur de référence qui, pour être tenue, devrait conduire à réduire d’un facteur 10 000 environ la dose réputée sûre établie par l’EFSA...