• Condamnée à 3828 ans de prison, une militante de l’ETA bientôt libérée

    L’Espagne a dû libérer, mardi, Ines Del Rio Prada, une militante de l’ETA, l’organisation séparatiste basque, condamnée à 3828 ans de prison. Cette décision fait suite à une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
    Par FRANCE 24 (texte)

    La justice espagnole a décidé, mardi 22 octobre, de libérer la militante de l’ETA, le groupe séparatiste basque, Ines Del Rio Prada. Elle avait été condamnée à 3 828 ans de prison, mais une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), devrait contraindre l’Espagne à libérer plusieurs dizaines de prisonniers.

    Le tribunal de l’Audience nationale à Madrid a ordonné la mise en liberté de la militante, âgée de 55 ans, et condamnée pour 24 assassinats lors de plusieurs attentats commis par le groupe armé séparatiste basque. Détenue dans une prison de La Corogne, en Galice, dans le nord-ouest de l’Espagne, elle doit être libérée dans la journée de mardi.

    Née dans la localité de Tafalla, en Navarre, Inez Del Rio, connue sous les surnoms de « Nieves » ou « La Pequeña » ("La Petite"), avait rejoint au milieu des années 1980 le commando Madrid de l’ETA, l’un des plus meurtriers de l’organisation.

    Elle avait été condamnée entre 1988 et 2000 à 3 828 années de prison, notamment pour avoir participé à l’un des attentats les plus sanglants de l’histoire du groupe armé, dans lequel douze gardes civils avaient été tués le 14 juillet 1986, sur la place de la République Dominicaine à Madrid.

    Arrêtée en 1987

    Outre l’attentat à la voiture piégée de juillet 1986 à Madrid, la militante a participé à l’assassinat par balles de trois militaires en juin 1986, avant de s’enfuir en France, échappant ainsi à la police lors du démantèlement du commando Madrid en janvier 1987.

    De retour en Espagne, elle a été arrêtée en juillet 1987, alors qu’elle conduisait un véhicule chargé de 35 kilos d’explosifs, dans le but de lancer une série d’attentats dans le sud de l’Espagne.

    Elle aurait dû être libérée en 2017, soit après avoir purgé 30 ans de prison, la peine maximale prévue en Espagne au moment de sa condamnation.

    La justice espagnole, suivant le jugement prononcé à Strasbourg, a donc estimé que la militante devait « être remise en liberté dans les plus brefs délais, étant privée de liberté de manière irrégulière depuis le 3 juillet 2008 », date à laquelle elle aurait dû être libérée selon l’ancien calcul de remises de peine.

    Selon la « doctrine Parot », les remises de peine doivent s’appliquer sur chacune des peines prononcées, et non plus sur la durée maximale de prison effective de 30 ans, ce qui allonge de fait le temps passé derrière les barreaux en cas de condamnations multiples.

    Désaveu pour le gouvernement espagnol

    La décision de la cour de Strasbourg constitue un désaveu pour le gouvernement espagnol, très ferme dans sa politique pénitentiaire envers les détenus de l’ETA : la péninsule ibérique devrait en effet être contrainte de remettre en liberté des dizaines d’autres détenus, parmi lesquels 54 militants de l’organisation.

    Le jugement a, en revanche, été salué par la gauche indépendantiste du Pays basque, qui, tout comme le gouvernement régional, nationaliste conservateur, a appelé Madrid à infléchir sa politique envers les détenus du groupe armé, au nombre d’environ 600 dispersés dans des prisons espagnoles et françaises.

    Cette question des prisonniers est justement au centre des revendications de l’ETA.

    Rendu responsable de la mort de 829 personnes en 40 ans d’attentats pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre, le groupe armé a annoncé en octobre 2011 qu’il renonçait définitivement à la violence, mais refuse toujours de se dissoudre, réclamant une négociation, notamment sur le sort de ses détenus, fermement rejetée par Madrid.