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    Une situation dégradée…
    9 novembre 2013
    Par Jacques Sapir
    La dégradation de la note attribuée à la dette souveraine de la France par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a relancé le débat, tant sur le sens de cette décision que sur sa pertinence. L’analyse de Paul Krugman ici n’est pas fausse : “Les agences de notation n’ont aucune information particulière sur la solvabilité nationale — surtout pour de grands pays comme la France”. Mais à cela on peut rétorquer qu’il n’y a pas véritablement besoin d’ « information particulière » en ce domaine. On peut aussi sourire de l’article publié dans Le Monde, si prompt à relayer Paul Krugman sur ce point mais tellement silencieux quant à ses autres positions sur l’Euro en particulier[1]. Et l’on oublie aussi qu’il a publiquement reconnu l’impact négatif du libre-échange (dont il faut dans les années 1990 un ardent supporter) sur l’emploi et l’activité aux Etats-Unis[2]. La presse aux ordres peut avoir de temps en temps de la mémoire, mais celle-ci est toujours sélective ! Certains y ont aussi vu une « pression idéologique » de S&P sur le gouvernement de François Hollande. C’est à l’évidence mettre la charrue avant les bœufs. Le gouvernement de J-M Ayrault et de F. Hollande est parfaitement capable de prendre des mauvaises décisions sans en référer à S&P.

    Enfin, on dit que la dégradation de la note n’aura pas d’effets sur les conditions d’emprunts de la France et que jamais nous n’avons connu de taux aussi bas. Ce n’est pas si sur…Le taux français à 10 ans est de 2,22%. Mais, l’inflation est actuellement de 0,9% en France. Ceci signifie que le taux d’intérêts réel (taux nominal – taux d’inflation) est de 1,32%. En mars 2012, l’inflation était de 2,3% et le taux nominal à 10 ans de 2,95%, soit un taux réel de 0,65% ! Le taux réel sur les bons du Trésor à 10 ans est donc passé de 0,65% à 1,32%, soit l’équivalent d’un quasi-doublement…

    À la vérité, la situation de la France justifie cette dégradation, car la situation s’est bien, elle, dégradée depuis maintenant deux ans que la France a perdu son « triple A »....

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