• Excédents allemands : pourquoi la zone euro marche sur la tête
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    La Commission européenne vient d’entamer une procédure contre l’Allemagne à cause de ses excédents extérieurs excessifs : ils frisent en effet les 200 milliards d’euros cette année. Et dépassent donc les 6 % du PIB allemand, la limite maximale fixée dans le six pack, l’ensemble de règles de bonne conduite macro-économique au sein de la zone euro adopté en 2011 pour réformer le pacte de stabilité. Alors que jusque-là on ne s’intéressait qu’aux déficits et aux dettes publics, on surveille désormais également les déficits extérieurs et l’endettement privé, et c’est une très bonne chose même si, concernant les excédents extérieurs, la limite prévue a été placée trop haut (à la demande du gouvernement allemand à l’époque).

    Ces excédents monstrueux sont en effet le signe que l’Allemagne ne fait pas ce qu’elle pourrait pour soutenir sa demande intérieure. Ni même en réalité ce qu’elle devrait dans son propre intérêt si l’idéologie n’aveuglait pas ses dirigeants (et pour une large part son opinion publique sur ce terrain) compte tenu de la pauvreté très importante qui s’est répandue suite aux réformes menées par Gerhard Schröder au début des années 2000 - près de 16 % de la population en 2012, un record – du fait notamment de l’absence de salaire minimum, compte tenu également de la dégradation des infrastructures publiques très peu entretenues depuis quinze ans par volonté de comprimer les dépenses publiques, compte tenu enfin de l’insuffisance des dépenses en matière en particulier de crèches et de structure d’accueil des enfants scolarisés ce qui entretient un grave déficit démographique… Un soutien accru de la demande intérieure allemande sur ces terrains permettrait en effet aux autres pays de la zone euro - et notamment à la France - d’exporter davantage vers l’Allemagne. A l’issue des dernières élections générales de septembre dernier, la grande coalition en cours de formation entre la CDU d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD semble (enfin) prête à aller quelque peu dans cette direction. Mais compte tenu de la tendance très forte dans l’opinion allemande à considérer que seule l’austérité est possible et souhaitable, il n’est certainement pas inutile que la Commission européenne et les autres gouvernements européens exercent (enfin) également une pression suffisante sur le gouvernement allemand à ce sujet.

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