• 16 - French Revolution : allons-y ! Pourquoi ?

    J’ai envie, après une dizaine de jour, de faire le point et de publier quelques réflexions sur les perspectives ouvertes par le mouvement French Revolution, dit aussi « Les Indignés ».

    Ce dans quoi je me reconnais

    o la connexion avec les mouvements espagnol, grec, l’attention à ce qui se passe en Tunisie, en Syrie
    o l’appel pour chaque citoyen à « prendre la place » et à renouveler la démocratie
    o le rejet de l’autoritarisme et des lois liberticides (Hadopi, Loppsi) : le travail fait depuis plusieurs années par les défenseurs des libertés numériques et au-delà trouve son prolongement dans le mouvement des indignés, c’est tout sauf anodin
    o le refus du système bipartisan, qui bloque tout changement réel, et la demande de changements constitutionnels
    o la référence à Stéphane Hessel, dont je ne partage pas les choix électoraux (PS, EELV), mais qui fait partie, avec Raymond Aubrac et d’autres, de ceux qui font connaître aux jeunes générations le programme du Conseil National de la Résistance :
    + sécurité sociale
    + statut des fonctionnaires
    + nationalisations
    + indépendance de la presse

    Ce qui me convient moins ou pas du tout

    Dès les premiers jours, une des questions les plus débattues sur le forum Réelle Démocratie était la suivante : « Que revendiquer, seulement la démocratie ou aussi du social ? ». Les premières réponses allaient clairement dans le sens d’une restriction au champ institutionnel. Je ne suis évidemment pas d’accord avec cette option. D’autant plus que chacun y va de sa recette miracle :
    o prise en compte du vote blanc
    o remplacer l’élection par le tirage au sort
    o référendum d’initiative citoyenne
    Ce dernier est probablement intéressant, toutefois il est loin de répondre à la situation. Est-il besoin de rappeler ce que nous vivons d’extraordinaire :
    o une crise financière mondiale du niveau de celle de 1929 avec la perspective de pays européens en défaut de paiement
    o un hold-up sur la démocratie en Europe (pacte pour l’euro plus) et plus particulièrement en Grèce où la troïka (UE, BCE, FMI) impose directement, sans même passer par le gouvernement en place, un programme inouï de privatisations et de coupes budgétaires
    En arrière-plan, l’avênement de l’économie numérique et les possibilités qu’elle ouvre en matière de développement humain, par la création de biens communs, par le partage des connaissances, par la circulation des idées, nous contraignent à poser en termes inédits la question de la propriété des moyens de production et de l’usage qui en est fait.

    a. Pourquoi cette réticence à évoquer la situation économique et sociale ?

    Naïveté ou peur du changement ? Les deux sans doute. On a tellement répété que les choix économiques faits ses trente dernières années étaient les seuls possibles que beaucoup n’osent plus imaginer d’autres choix. Ou ne veulent pas les imaginer, parce qu’ils ont opté pour l’individualisme et un prétendu apolitisme masquant des choix politiques et qu’au fond la société actuelle leur convient sous réserve de quelques aménagements à la marge.

    Plus gravement, la crise extraordinaire que nous vivons est grosse de toutes les possibilités, les meilleures comme les pires. Les officines fascistes savent que cette crise leur ouvre un boulevard. Elles ne manqueront pas, elles ont déjà commencé, de chercher à s’infiltrer dans toutes les agitations populaires pour tenter de les diriger. Leur stratégie est d’appuyer sur le « Tous pourris », sur l’antiparlementarisme, pour contrer toute revendication sociale. C’est ce que leur demandent leurs financeurs.

    D’autres, plus ou moins proches d’eux, peuvent partager la même stratégie, je pense aux ultralibéraux rêvant d’un gouvernement « apolitique », « technique », chargé de mettre en oeuvre les réformes qu’ils prônent et dont les peuples ne veulent décidément pas. Mais aussi, tout simplement aux sarkozystes de base, qui ont tout intérêt à faire passer le message selon lequel tous les partis se valent. Ce qui va dans le sens de l’abstention ou de la reconduction du sortant.

    Pour faire bonne mesure, on ajoutera des sectes et des conspirationnistes et on aura une idée de ceux qui cherchent à tirer parti du mouvement des indignés.

    Bien sûr, il s’agit là de minuscules minorités, mais elles ont une stratégie, et elles sont dangereuses.

    b. Un point particulier sur la question du revenu de vie

    De nombreux indignés, parmi ceux dont je me sens le plus proche, font du revenu de vie un incontournable. Certains m’ont proposé de l’ajouter à mes propositions du 8 Prairial. Je ne l’ai pas fait pour deux raisons :
    1. d’une part, et ce n’est pas la raison de fond, parce que cette revendication peut peut difficilement aboutir dans des délais raisonnables, contrairement à l’augmentation des salaires et des retraites. Rappelons qu’en juin 1968 le SMIC a été augmenté de 30%.
    2. mais surtout parce que, comme Bernard Friot, je préfère revendiquer un salaire à vie plutôt qu’un revenu de vie.

    * C’est bien pour toutes ces raisons qu’il ne faut pas rester spectateurs

    Prendre notre place dans le mouvement des indignés, participer à la French Revolution, sur les places de nos villes et villages, sur les réseaux sociaux, est une nécessité. La crise est là. Elle est gravissime.

    Les choses bougeront de toutes façons. En pire ou en mieux. En mieux si nous savons tenir compte d’une situation économique exceptionnelle et nous inspirer du programme du CNR. Nous sommes à mon avis dans un de ces moments-charnières où il faut prendre ses responsabilités.

    Mettons du social, des revendications précises et chiffrées, dans la French Revolution5 pour en faire une French Franche Revolution !

    16 Prairial 219
    #frenchrevolution