Sombre

“Only the mob and the elite can be attracted by the momentum of totalitarianism itself. The masses have to be won by propaganda.” (Hannah Arendt) IN GIRUM IMUS NOCTE ECCE ET CONSUMIMUR IGNI

  • « Le désir des hommes livré à l’industrie du prêt-à-jouir », par Nancy Huston
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/10/le-desir-des-hommes-livre-a-l-industrie-du-pret-a-jouir-par-nancy-houston_35

    "Tous deux s’accrochaient à un fantasme plutôt que l’un à l’autre, cherchaient non à s’offrir les secrets de leur corps mais à sucer du plaisir des fissures de leur esprit. Où qu’ils se tournaient, ils se trouvaient empêtrés dans les vrilles de la honte ; tous les gros mots de leur vocabulaire se moquaient de ce qu’ils faisaient. » Personne, peut-être, ce dernier siècle, n’a réfléchi à la sexualité avec plus d’acuité que l’auteur américain James Baldwin (1924-1987). Pas sur la sexualité des Noirs ou celle des gays (bien qu’il fût lui-même, selon ses propres termes, « un nègre et un pédé »), non, sur la sexualité en général qui, comme à peu près tout dans le monde contemporain, tend à devenir une industrie capitaliste dominée par des hommes blancs.

    • Toujours cette approche dérangeante, mais lucide je crois : accepter notre part d’animalité pour mieux la dompter, au lieu de l’occulter et de compter les pots cassés en maudissant la culture patriarcale d’être ce qu’elle est.
      Détruire la culture du viol ne suffira pas à faire disparaître le viol, il est temps de construire la culture qui déconstruira la possibilité du viol dans l’esprit masculin.
      Et ne pas laisser le commerce des corps compenser cette bestialité non-assumée, mais omniprésente..

      Que faire des passions et peurs que suscite la sexualité masculine naissante, souvent totalement obsédante ?

      Eh bien, répondent avec un bel ensemble les parents, enseignants et écrivains français : rien, puisqu’il n’y a pas de différence. Ce qui – la curiosité étant intense et les hormones puissantes – laisse le champ libre au prêt-à-jouir, la jungle envahissante de ce qui va vite et se vend bien, oui, l’équivalent rigoureux du fast-food : le fast-sex de la pornographie.

      Liberté sexuelle ? Tout juste le contraire. L’Eglise stigmatisait la sexualité, parlait de parties honteuses ; la pornographie massivement consommée jour après jour est liée aux mêmes opprobres, hontes et interdits. Elle est un monde de pure contrainte. Liberté d’expression ? Loin de là. Qui s’exprime et qu’est-ce qui s’exprime là-dedans ? La seule chose libre dans la pornographie, comme dans les McDo, ou les poulaillers sans fenêtres, ou les maïs transgéniques, c’est le marché.