Gaz de schiste : la fête est finie
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Ecologistes et tenants du « peak oil » pavoisent déjà : la révolution du gaz de schiste touche à sa fin, tuée par un effondrement des prix lié à la surproduction. Depuis plus d’un an, ils constatent un « plateau » dans les volumes extraits de la roche mère de cet hydrocarbure qui a inondé le marché américain ces cinq dernières années et modifié en profondeur les flux énergétiques mondiaux. Les grandes compagnies pétrolières (ExxonMobil, BP, Total, Shell, ENI…), qui ont succombé trop vite à l’appât du gain, y ont englouti des sommes folles avant de réduire la voilure et de réorienter investissements et appareils de forage (rigs) vers les régions où l’on a découvert des condensats (gaz liquides) et du pétrole de schiste – bien mieux valorisés sur le marché.
Les pétroliers sont pourtant bien obligés d’admettre que le secteur traverse une passe très difficile. « Nous sommes en train d’y laisser notre chemise », avertissait le patron d’ExxonMobil, Rex Tillerson, dès juin 2012. Les investissements de Total au Texas et dans l’Ohio ? « On met la pédale douce, répondait son PDG, Christophe de Margerie, six mois plus tard. Je ne vois pas l’intérêt d’aller investir – je précise bien dans les gaz secs – là où la rentabilité n’est pas au rendez-vous. » « Mon plus grand regret ? », s’interrogeait en octobre Peter Voser, après avoir investi 24 milliards de dollars (17,6 milliards d’euros) outre-Atlantique dans les hydrocarbures non conventionnels pour de piètres résultats.
Comme Shell, d’autres multinationales de l’énergie et des matières premières (Total, BP, BHP Billiton, Chesapeake…) ont déprécié ou tenté de céder des actifs. Les compagnies ont réduit de moitié leurs investissements en Amérique du Nord dans le pétrole et le gaz non conventionnel, qui sont tombés de 54 milliards de dollars au premier semestre 2012 à 26 milliards pour les six premiers mois de 2013, selon l’agence Bloomberg.
Suivant les zones, le coût d’extraction du gaz oscille entre 3 et 8 dollars par million de British thermal unit (soit 28 m3) alors qu’il n’est vendu que 3,77 dollars. A ce prix, il n’est pas rentable. Or l’EIA ne le voit remonter que modérément. Selon Morgan Stanley, il ne dépassera pas 4,25 dollars à long terme – tiré vers le bas par le maintien d’une forte production, une hausse de la productivité des puits et une demande encore faible. Quant aux réserves, elles sont là, même si leur évaluation fluctue au gré des années. Et à quels coûts, économiques et environnementaux, pourront-elles être exploitées ?
Pour éviter d’afficher trop leurs investissements contestables dans le gaz de schiste et leurs pertes financières, les pétroliers préfèrent parler des promesses des hydrocarbures « non conventionnels » en général. « Aux Etats-Unis, résume un expert de Total, ce n’est pas la Berezina. » Les huiles de schiste ou les gaz liquides ont pris le relais et il arrive souvent que le gaz sec (méthane) ne soit plus qu’un sous-produit et soit « torché », rejetant ainsi du CO2 dans l’atmosphère. Et puis les pétroliers bénéficient de puissantes incitations fiscales, notamment pour l’exploitation des gisements du golfe du Mexique.