NicolasđŸŒ±

Projet de vie en #permaculture dans le Sud Ouest

  • La patate indienne, une plante d’avenir pour les permaculteurs et les primitivistes | 1+1=salade ?
    ▻http://madeinearth.wordpress.com/2013/12/03/la-patate-indienne-une-plante-davenir-pour-les-permaculteurs-

    Qui mieux que la patate indienne — Apios americana — pourrait concrĂ©tiser ce que j’ai pu Ă©crire sur la #permaculture ou le #primitivisme ?

    C’est avant tout un tubercule qui peut prĂ©tendre Ă  fournir notre base de subsistance. MĂȘme s’il est important de faire pousser des lĂ©gumes et des fruits dans son jardin pour nous apporter nutriments, vitamines et diversitĂ©, le plus important est de faire pousser sa base de subsistance pour ne plus dĂ©pendre de systĂšmes globaux et fragiles, le plus souvent basĂ©s sur des cĂ©rĂ©ales annuelles avec les consĂ©quences dĂ©sastreuses que l’on connaĂźt sur la santĂ© et les sols. De ce cĂŽtĂ© lĂ  la patate indienne excelle, puisqu’elle fournit une bonne base Ă©nergĂ©tique et contient jusqu’à 16% de protĂ©ines, soit trois fois plus que les pommes de terre. Elle a l’énorme avantage d’ĂȘtre consommable crue, contrairement Ă  la pomme de terre ou aux cĂ©rĂ©ales, ce qui peut s’avĂ©rer vital dans certaines situations. Elle offre aussi une saveur neutre — qui serait entre la pomme de terre, la cacahuĂšte et la patate douce — ce qui est toujours un avantage pour une base alimentaire. Outre ses tubercules, elle peut aussi produire des haricots hautement protĂ©iques, mais cette production serait assez erratique et dĂ©pendrait de la gĂ©nĂ©tique (caractĂšre diploĂŻque), de la variĂ©tĂ© et du climat.

    Sa culture au jardin est Ă©galement trĂšs intĂ©ressante. C’est tout d’abord une lĂ©gumineuse, qui peut utiliser l’azote prĂ©sent abondamment dans l’air pour sa propre croissance. Elle peut donc pousser dans des sols relativement peu fertiles, et est trĂšs vigoureuse car elle gĂ©nĂšre son propre engrais en quelque sorte. Elle serait Ă©galement capable de supporter des sols assez humides, lĂ  oĂč il serait difficile de faire pousser d’autres plantes pĂ©rennes. Du cĂŽtĂ©, agronomique, elle a tout pour faire rĂȘver le permaculteur. Elle fait donc partie des rares plantes vivaces comestibles fixatrices d’azote. Elle peut se multiplier de maniĂšre vĂ©gĂ©tative (se cloner) facilement par les tubercules. Elle ne connaĂźt pas de maladies ou parasites sĂ©rieux. Elle est assez rustique pour rester dans le sol le nombre d’annĂ©es que l’on veut. Elle peut mĂȘme devenir envahissante !

    Elle a quelques dĂ©fauts mineurs, mais ces dĂ©fauts de culture sont autant de qualitĂ©s pour une culture post-industrielle primitiviste ! En effet, les tubercules des variĂ©tĂ©s non sĂ©lectionnĂ©es peuvent ĂȘtre assez petits. De plus la patate indienne met quelques annĂ©es avant de s’implanter et de devenir luxuriante. Autant d’inconvĂ©nients qui en font un mauvais candidat pour une exploitation industrielle, car c’est une vivace qui ne se prĂȘte pas Ă  une culture annualisĂ©e comme la pomme de terre. L’énorme avantage de la patate indienne est que l’on peut la stocker dans le sol, et la dĂ©terrer pour consommation Ă  n’importe quel moment de l’annĂ©e. Elle ne se stocke pas bien en dehors du sol, telle quelle, Ă  moins d’ĂȘtre maintenue humide (sinon elle meurt) et au froid (sinon elle germe), dans du sable ou du terreau par exemple. Elle n’offre donc pas les qualitĂ©s exceptionnelles de stockage et de densitĂ© nutritionnelle des cĂ©rĂ©ales, ce qui en fait un mauvais candidat non seulement pour l’industrie, mais aussi pour la civilisation qui a besoin de pouvoir stocker, distribuer, saisir, protĂ©ger et taxer la base de subsistance du peuple. Les patates indiennes ne peuvent pas ĂȘtre brĂ»lĂ©es comme un champs de cĂ©rĂ©ales ou saisies par une armĂ©e en campagne. Elles ne peuvent pas ĂȘtre taxĂ©es sur la base d’une quantitĂ© ou d’une superficie cultivĂ©e. Par contre n’importe qui peut aller dĂ©terrer des tubercules n’importe quand pour les manger ou commencer une culture ailleurs.
    Les patates indiennes peuvent cependant ĂȘtre sĂ©chĂ©es et rĂ©duites en poudre ce qui permet de concentrer et stocker la nourriture comme c’est le cas pour les cĂ©rĂ©ales. Cela permet d’avoir un stock facilement utilisable Ă  disposition. Ce processus trĂšs simple Ă  rĂ©aliser pour n’importe qui disposant d’un four ou d’un feu, mais n’est toujours pas industrialisable car la culture de la patate indienne ne peut pas ĂȘtre rationalisĂ©e pour les raisons Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment.

    Toutes ces caractéristiques en font une plante de choix pour un futur post-industriel, avec une production plus locale et décentralisée, intégrée dans des systÚmes cultivés complexes, reproductible et mouvante, insaisissable.

    #autopromo #anticiv