• Pas si fous ces romains… | RussEurope
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    Diego Fusaro a développé deux idées importantes. La première est celle de l’avènement d’un « capitalisme absolu » qui fut en un sens « préparé » par la dimension libertarienne de mouvement de 1968 et qui se veut définitivement dégagé de tous les obstacles à l’établissement d’une « société de marché ». Dans un tel capitalisme, il ne doit y avoir ni institutions ni règles, si ce n’est celle, comme le disent K. Marx et F. Engels dans Le Manifeste Communiste, du « froid paiement au comptant ». Autrement dit le modèle de ce capitalisme est un marché qui a avalé toutes les valeurs humaines. En fait, les résistances à ce processus d’établissement d’un monde sans règle ni institution ont constitué l’épaisseur des luttes sociales depuis près d’un siècle et demi. Il y aurait certes beaucoup à dire sur ce point. Mais, on ne peut nier que l’évolution du capitalisme que l’on qualifie de « néo-libéral » tend bien dans cette direction.

    La seconde idée importante est celle de la perte par l’Italie de toute souveraineté, ce qui empêche la démocratie, conçue non pas comme une pratique formelle mais comme le processus vivant dans lequel les opinions au sein du peuple se confrontent et d’où se dégagent des majorités capables de décisions, d’exister. Sur ce point, on est parfaitement en accord avec Diego Fusaro, ne serait-ce que parce que l’on a développé des idées relativement similaires dans un ouvrage publié en 2002[1]. En réalité, quand on regarde le statut de ce projet de dépolitisation de la décision économique on voit qu’il a des sens différents selon les écoles. Le statut de dépolitisation est ontologique chez les néo-classiques, il est instrumental chez les Autrichiens comme von Mises et Hayek[2]. Le résultat est cependant le même, un « hold-up » anti-démocratique[3]. C’est ce qui fait de la souveraineté un concept clef dans la lutte pour la démocratie, non qu’elle soit suffisante mais parce qu’elle est incontestablement nécessaire[4]. Ceci tend à substituer à la politique une organisation de la société en apparence dominée par la « technique ». Mais, cette « technique » est tout sauf neutre, et elle est au service d’une domination de classe dont les effets sont d’autant plus redoutables qu’ils s’avancent masqués et ne se donnent pas pour ce qu’ils sont....

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