• De l’intégration

    « L’#intégration est cette espèce de processus dont on ne peut parler qu’après coup, pour dire qu’elle a réussi ou échoué ; un processus qui consiste, idéalement, à passer de l’altérité la plus radicale à l’identité la plus totale (ou voulue comme telle) ; un processus dont on constate le terme, le résultat, mais qu’on ne peut saisir en cours d’accomplissement car il engage tout l’être social des personnes concernées et celui aussi de la société dans son ensemble. C’est un processus continu, de tous les instants de la vie, de tous les actes de l’existence, auquel on ne peut assigner ni commencement ni aboutissement ; un processus qui, dans le meilleur des cas, peut se constater sans plus, et dont il n’est pas sûr qu’il puisse être orienté, dirigé, volontairement favorisé. Et surtout, il faut se garde d’imaginer que ce processus est tout en harmonie, qu’il est indemne de tout conflit. C’est là une illusion qu’on se plaît à entretenir, chacun des partenaires ayant son intérêt propre à cette fiction inversée après coup qui, par ailleurs, trouve dans le vocabulaire du monde social et politique le lexique tout désigné pour la dire. Dans l’imaginaire social, en tant qu’elle fabrique de l’identité, c’est-à-dire de l’identique, du même et que, par là, elle nie ou réduit de l’altérité, l’intégration finit par prendre la valeur commune de principe et processus d’accord, de concorde, de consensus. »

    [ Abdelmalek #Sayad ]

    Refondation de la politique d’intégration : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/refondation-de-la-politique-d-integration

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    #Lexique
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