• Beaucoup de gens n’aiment pas mon humour. Enfin… beaucoup de gens BLANCS n’aiment pas mon humour. Beaucoup de gens blancs me disent :

      — Hey, Aamer. Tu montes sur scène, tu fais des blagues sur les Blancs. Tu dis « les Blancs ceci, les Blancs cela ». Et si je faisais pareil, hein ? Et si je montais sur scène pour dire « les Noirs sont comme ci, les musulmans sont comme ça » ? Tu dirais que je suis raciste, pas vrai ?

      Et je réponds… oui. Oui, je dirais ça. Vous ne devriez pas faire ça, c’est mauvais pour votre santé. Et ils me disent…

      — Ouais mais toi tu le fais Aamer ! Tu montes sur scène, tu dis tes blagues sur les Blancs. Tu trouves pas que c’est un peu raciste aussi ? Tu penses pas que c’est…

      TINTINTINNNN !

      — Du racisme inversé ?

      Non. Je ne pense pas que ce soit du racisme inversé. Pas parce que je pense que le racisme inversé n’existe pas, hein ; certaines personnes sont 100% convaincues que le racisme inversé n’existe pas, mais je ne suis pas d’accord. Je pense que le racisme inversé existe. Et je pourrais être un « raciste inversé », si je le voulais.

      J’aurais juste besoin d’une machine à remonter le temps. Je monterais dans ma machine à remonter le temps, et je reviendrais dans le passé, avant que les Blancs ne colonisent le monde.

      Je convaincrais les peuples d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud de les coloniser, d’occuper leurs pays, de voler leurs terres et leurs ressources.

      Je mettrais en place un genre de, je sais pas… de commerce basé sur l’esclavage, où par exemple on exporterait des Blancs pour les faire travailler sur des rizières géantes en Chine.

      En gros, je les détruirais pendant quelques siècles, assez pour que leurs descendants veuillent émigrer dans les pays d’où viennent les gens noirs et browns. Mais bon, bien sûr, à ce moment-là, j’aurais déjà mis en place des systèmes qui privilégieraient les gens noirs et browns à tous les niveaux économiques et sociaux, pour que les Blancs n’aient jamais l’opportunité de construire leur avenir.

      Tous les vingt ou trente ans, je mettrais en place une guerre bidon, histoire d’avoir une excuse pour les bombarder jusqu’à les faire revenir à l’âge de pierre, en disant que c’est pour leur bien parce que leurs cultures sont inférieures.

      Oh, et juste pour le fun, je soumettrais les Blancs aux critères de beauté noirs, histoire qu’ils finissent par haïr la couleur de leur peau, de leurs cheveux, de leurs yeux.

      Si j’avais des centaines et des centaines d’années de ça derrière moi, et que je montais sur scène pour dire « Hey ! C’est quoi leur souci aux Blancs ? Pourquoi ils savent pas danser ? », là, ce serait du racisme inversé.