• #Dieudonné : la posture de paria, un ascenseur pour son succès
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    Il y a l’humoriste Dieudonné, le citoyen M’bala M’bala et l’ami « Dieudo », comme l’appellent ses inconditionnels. Les trois personnages sont indissociables. C’est d’ailleurs sur cette confusion, cette absence de distance ou de second degré que s’appuient ceux qui lui dénient le statut d’homme de spectacle. Point de nez rouge de clown, point de salopette à la Coluche ou même de jeu de scène outré pour marquer la dérision ou l’entrée dans la peau d’un personnage fictif.

    L’humoriste se nourrit directement des mésaventures du citoyen, les met en scène, en abyme plutôt. Le premier narre la persécution dont est l’objet le second, complot pour le faire taire ourdi par « Jérusalem », par « Israël », ordres venus de « là-haut » (index pointé vers le ciel), et parfois « du plus haut » (« Au-dessus, il n’y a que le soleil »).

    Dans cette entité éthérée veille, tel Zeus, le #lobby_juif, relayé par les médias et les hommes politiques à sa solde (« François Hollande a été convoqué par le président du CRIF », « le président du #CRIF, c’est le mec qui décide qui sera le président »). Lui, Dieudonné M’bala M’bala, le showman et l’homme conscientisé, est la voix qui dérange cette nébuleuse. Il est un garant de la liberté d’expression, bien mieux que « cette vieille prostituée de démocratie ».

    « LA RÉSISTANCE PROGRESSE »

    Alors, quand François Hollande ou Manuel Valls lui font le cadeau de vouloir l’interdire, après tant de maires UMP ou PS, il jubile (« C’est une promotion formidable »), il ne crie pas au martyre individuel, trop malin, mais au calvaire collectif. Car ce n’est pas lui qu’on veut faire taire mais les Français. Il n’est « qu’un intermédiaire entre le peuple et cette poignée de dirigeants ». Il est celui qui dit, claironne ce qui est tu. Il s’appuie en cela sur cette vérité révélée, indiscutable, à la base de la théorie du #complot : « Personne n’en parle. »

    Dieudonné peut procéder par ellipses, sans craindre les foudres d’un procès. Chacun saura remplir les blancs imposés par la loi à grands éclats de rire. Il n’a qu’à évoquer « la maison mère » et tout le monde a compris que c’est #Israël qui est désigné, là où se prennent les décisions du monde. Il lui suffit de dire « les attentats du #11-Septembre… » ou « c’est comme les #chambregaz… », nulle nécessité de pousser plus avant les thèses révisionnistes. Aussitôt fuse l’approbation jubilatoire de la salle.

    Cette rare symbiose entre l’artiste et le spectateur, cette mécanique bien huilée du rire est le casse-tête des associations antiracistes. « Avec Dieudonné, le nombre de tôles qu’on s’est prises », raconte Alain Jakubowicz, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, fidèle ennemi et donc parfait connaisseur.

    Mais, en faisant monter sur la scène du Zénith le révisionniste Robert Faurisson, en s’affichant avec des chefs d’Etat antisémites, vantant leur « infréquentabilité », ou en montant des listes électorales, Dieudonné a perdu la clémence des tribunaux. « La situation a changé, poursuit Alain Jakubowicz. Les juges reconnaissent que l’élément idéologique est caractérisé. » Le mot de la fin revient de droit à Dieudonné. « Ce n’est pas moi qui suis malade, c’est la société. »

    #antisemitisme #liberté_d_expression #quenelle #anti-systeme #extreme-droite #soral

    #plo