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récoltes et semailles

  • Peut-il y avoir des chefs bienfaisants ? | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/151213/peut-il-y-avoir-des-chefs-bienfaisants?onglet=full

    Et il cite le Sartre de Critique de la raison dialectique (1960) : « Chacun se sent et sent tous les autres comme des leaders possibles mais personne ne prétend à la souveraineté sur les autres. Chacun est capable d’exprimer le sentiment du groupe au cœur de l’action comme une aide aux objectifs du groupe. »

    MEDIAPART : Comment entendez-vous ces deux phrases de Jean-Paul Sartre ?

    ROBERT DAMIEN, auteur du #livre Éloge de l’#autorité. Généalogie d’une (dé)raison politique (Armand Colin) : Sartre veut dire que ce qui commande, c’est l’équipe ; elle fait chacun s’élever au-dessus de lui-même ; et chacun peut prétendre exprimer le tout qu’est l’équipe. Chacun, étant l’égal de l’autre, a la capacité d’exprimer le “nous” au moment décisif les décisions qui devront être prises. Mais par-delà cette ossature constitutionnelle, il y a des moments où la décision exige d’être formulée, pensée, ordonnée. Elle oblige à une incarnation. Le problème avec Sartre, c’est sa difficulté à penser le chef d’équipe.

    Il y a un moment de souveraineté, assumé par un(e). La question devient ensuite celle de la légitimité durable, non pas d’un chef momentané, mais qui s’inscrit dans une continuité judicieuse.

    Sartre demeure à mes yeux le seul philosophe d’envergure qui ait réfléchi sur l’équipe comme moteur et matrice de l’autorité. Sartre, à la fois théoricien et praticien du libre arbitre, cherchait à intégrer le marxisme, c’est-à-dire les contraintes socio-économiques et politiques qui déterminent et les situations et les libertés.

    #démocratie

    La patrie c’est le “nous” qui nous fait citoyen, ce par quoi nous acquérons une identité littéraire, culturelle, intellectuelle. La #patrie me semble démocratique, puisque c’est le cadre dans lequel s’exerce la question qui permet de demander des comptes. Dans la #nation, il y a l’idée de naissance : elle est inscrite dans une forme de nature. Et sur la nation pèse le risque d’un nationalisme, tandis que la patrie est le cadre démocratique par excellence.

    Nous nous confrontons à cela en ces temps de révolution informatique, donc du langage numérique, par définition pluralisé mais sous hégémonie américaine : comment trouver une expression à nos appartenances qui s’y intègre ? Comment exprimer une forme particulière de l’universel et par la même une confrontation avec la pluralité même de ces universalités ? Le grand penseur de demain, donc de la pluralité des universels, m’apparaît Gaston Bachelard, qui a pensé la normativité – autre nom de l’autorité – dans la pluralité des axiomes, des appartenances, des dualités – ce qu’il appelle le birationalisme, ou le plurirationalisme… Il a joué avec humour le prophète barbu, alors qu’il se confrontait aux deux grandes machines conceptuelles de l’époque : la phénoménologie et le marxisme.
    http://www.ina.fr/video/CAF89004641