Le Monde diplomatique

Mensuel critique d’informations et d’analyses

  • Le pays qui a allumé la mèche des révoltes arabes est celui où la désillusion est la moins forte, trois ans plus tard. Si la situation économique s’est dégradée, le régime policier et accapareur est tombé. La Constitution promise a certes tardé à voir le jour. Mais, cette fois, le texte est presque achevé. Entre 1956 et 1959, sous l’œil vigilant de Habib Bourguiba – qui présida la #Tunisie de l’indépendance du pays au coup d’Etat de Ben Ali –, il avait déjà fallu trois ans pour que soit adoptée la loi fondamentale. La liberté de conscience fut alors reconnue, la charia ne constitua pas une source du droit. Après bien des débats, ces conquêtes démocratiques seront confirmées dans la prochaine Constitution tunisienne.

    Dans la Tunisie de 1956, déjà une Constituante, par Samy Ghorbal (novembre 2011)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/GHORBAL/46927

    Popularisée dans les années 1920 par le cheikh Abdelaziz Thaalbi, fondateur du Parti libéral constitutionnel, reprise et développée à partir de 1934 par le père de l’indépendance Habib Bourguiba, la notion de destour (Constitution) sert de vecteur à l’affirmation de l’identité politique tunisienne. Comprise comme un moyen d’accès à la modernité juridique et institutionnelle, elle s’inscrit alors en rupture avec l’ordre colonial et avec l’absolutisme beylical. Mais ce n’est qu’une fois parvenus aux portes du pouvoir que les nationalistes commencent à formuler clairement l’exigence d’une Assemblée constituante.