• 30 ans avant le « pacte de responsabilité »... Gattaz & Fils : Bluff repetita placent - L’Humanité
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    Difficile de démêler 
ce qui relève 
de la tragédie et ce qui renvoie à la farce, mais entre les socialistes et les patrons, entre Mitterrand puis Hollande et les Gattaz père et fils, 
l’histoire se répète, à trente ans de distance, du tournant au tête-à-queue. 
Au final, des cadeaux à gogo, beaucoup de promesses et très peu d’emplois…

    Selon le patriarche qui l’a maintes fois répété, c’est le 16  avril 1982 que tout se joue entre le gouvernement Mauroy et le CNPF. Ce jour-là, des mois avant le «  tournant  » de la rigueur, les socialistes jurent, en coulisses, qu’ils ne toucheront plus au temps de travail, qu’ils allégeront la taxe professionnelle et stabiliseront les prélèvements obligatoires. «  Cette promesse verbale, qui ne devait être confirmée par aucun accord écrit pour raison de discrétion vis-à-vis de la presse et aussi vis-à-vis des alliés communistes toujours soupçonneux, fut tenue sans défaillance pendant quinze ans, rapportera plus tard Yvon Gattaz. On peut s’étonner de la discrétion qui entoura cette décision importante. En fait, ni le gouvernement ni le CNPF n’avaient intérêt à crier victoire, il fut donc décidé que nous serions tous discrets et je pus, comme président du CNPF, affirmer aux journalistes nombreux sur le perron que seules quelques mesurettes d’atténuation avaient été tentées pour sauver les entreprises en danger.  »

    Alors que le fils Gattaz engage aujourd’hui le Medef dans une vaste opération de communication, avec distribution de pin’s à l’appui, autour du «  million d’emplois  » que les entreprises pourraient bien créer, sans engagement formel, si et seulement si l’État leur offre 100 milliards d’euros de baisse des cotisations sociales et des impôts, tout en libéralisant totalement le marché du travail ainsi que le droit social, le père Yvon a, également, durant son mandat multiplié les promesses de créations d’emplois par centaines de milliers contre quelques menus cadeaux au patronat.

    En juillet  1984, réclamant l’expérimentation pendant cinq ans d’«  emplois nouveaux à contraintes allégées  » (Enca), Yvon Gattaz met un marché sur la table : si les socialistes acceptent de supprimer l’autorisation administrative préalable en cas de licenciement, de fermer les yeux sur les obligations sociales et fiscales liées aux seuils du nombre de salariés dans les entreprises et d’exonérer de taxes et de cotisations sur ces emplois, le CNPF pourrait créer «  471 000 emplois supplémentaires, dont 400 000 dès la première année  ». Devant les railleries que suscite ce chiffrage précis, Yvon Gattaz s’abrite derrière un obscur cabinet de conseils, Pragma, dont l’étude a été réalisée, on l’apprendra plus tard, à partir d’un sondage auprès de 230 chefs d’entreprise. En février  1985, dans l’Express, le président du CNPF en rajoute une couche, affirmant, toujours sur la base d’un sondage Pragma, que la suppression de l’autorisation administrative de licenciement «  peut à elle seule débloquer plus de 300 000 emplois nouveaux  ». D’après les travaux de l’Insee et du Plan, relayés par la presse à l’époque, cette mesure devait entraîner plutôt la destruction de 200 000 emplois, et dès la première année, là encore !

    Faciliter les licenciements pour permettre les embauches, quelle idée de génie ! Le 18  décembre 1985, sur Europe 1, un journaliste interpelle Yvon Gattaz : «  Alors, les mesures immédiates que vous prendriez s’il y avait un changement de gouvernement ? D’abord la liberté de licencier ? Massacrer le Code du travail, comme dit l’Humanité ce matin ?  » Et le patron des patrons de s’offusquer : «  Oh, massacrer le Code du travail ! Le résultat de cette suppression sera une embauche massive, nous la garantissons.  »

    Aujourd’hui, plus besoin de tour de passe-passe à la tête du Medef. L’année dernière, lors de la remise de la Légion d’honneur à Yvon Gattaz, «  un partenaire exigeant, mais toujours soucieux de construire une relation de confiance  », François Hollande avait rappelé la «  relation paradoxale  » qu’il avait su nouer avec François Mitterrand. Le mois dernier, lors de sa visite d’État aux États-Unis, le président de la République a fait applaudir Pierre Gattaz, empêtré dans un couac de communication sur le pacte de responsabilité. «  Il sera même dit que j’ai fait applaudir le président du Medef, a-t-il cru pouvoir blaguer. Je ne doute pas qu’il me rendra la pareille le moment venu, ça fait partie du pacte de responsabilité, je l’avoue.  » En 1993, se demandant si un gouvernement de droite aurait pu «  obtenir un tel consensus  » pour offrir autant de cadeaux au patronat, Yvon Gattaz s’était exclamé dans un bouquin : «  Vive les socialistes !  » Derrière l’ironie, l’histoire fait parfois des pieds de nez.

    Derrière les légendes, toujours le coup de pub
    http://www.humanite.fr/social-eco/derriere-les-legendes-toujours-le-coup-de-pub-559958

    Toujours disponible pour rudoyer les syndicats – qu’il rebaptise subtilement les «  saints-dicats  » – ou pour apprendre aux Français les joies héroïques de la création d’entreprise, Yvon Gattaz n’a rien aimé tant que raconter des histoires à ses contemporains. Un jour, en septembre 1986, alors que la droite revenue au pouvoir disserte sur les «  petits jobs  », le patron des patrons témoigne à la radio : «  J’ai rencontré, moi, un garçon qui avait une maîtrise de lettres et qui pressait des oranges, il était ravi.  » Le problème, c’est que, parfois, certains posent des questions derrière : à l’époque, l’Huma, en l’occurrence, avait cherché à obtenir du CNPF les coordonnées de ce jeune homme «  ravi  » de son boulot, mais, au terme d’une journée d’investigations de haut vol dans tous ses services, le patronat avait fini par éconduire notre journaliste, en lâchant le morceau : «  Ah mais vous êtes obsédé par cette opération de relations publiques !  »

    (...)

    Au bout du compte, Yvon Gattaz invite à prendre exemple sur les Américains, «  toujours prêts à s’investir dans une nouvelle aventure  ». «  Lorsque nous avons fermé une usine dans le Connecticut, décrit-il, nous avons été surpris par les réactions positives des salariés, prêts à se mettre à leur compte dans les domaines les plus variés, par exemple gérant de station-service, avec l’appui moral de leur famille et de leurs amis, toujours prêts à les aider dans ces nouvelles aventures.  » Où peut-on joindre ces «  ravis  » licenciés, monsieur Gattaz ?

    #patronat #pacte_de_responsabilité #travail #emploi

    • Ah, enfin ! Systématiquement daté de 1983 (blocage des salaires), le « #tournant_de_la_rigueur » commence à prendre place dans une #chronologie moins falsifiée.
      1982 est aussi l’année où La CFDT et le PS ont diminué les droits de tous les chômeurs, pour « sauver l’Unedic »... C’est de ce moment que datent des « filières d’indemnisation » qui lient étroitement la durée d’alloc’ à la durée antérieure d’emploi, ce qui n’était pas le cas précédemment.
      C’est cette décision qui a été à l’origine de ce qui fut appelé les "Nouveaux pauvres" durant toutes
      ces années 80 où l’#entreprise ( remember Tapie) fut glorifiée par le parti au pouvoir.
      C’est à ce moment que la majorité des chômeurs deviennent non indemnisées.

      Aujourd’hui, le principe central qui règle le fonctionnement de l’Unedic, c’est « un jour cotisé, un jour chômé ». Merci patron.

      #socialisme