• Oui, on enseigne le « genre » à l’école (même ceux qui s’y opposent) | Slate
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    Il est difficile de savoir quel est le nombre des enseignants qui déconstruisent le genre, spontanément ou de façon militante. Mais ils dépassent bien sûr les 600 classes pilotes qui testent actuellement l’ABCD égalité, depuis la maternelle au CM2.

    « Nous n’avons pas d’outils pour les compter et les inspecteurs y sont plutôt hostiles, cela acte l’idée que l’école ne réussit pas dans sa mission d’égalité entre les sexes, ils ne peuvent pas l’entendre. Donc ces initiatives ne sont pas répertoriées. »

    D’autant plus qu’« un certain nombre de profs le font encore sans l’identifier, parce que pour eux ça va de soi », explique Isabelle Collet.

    Les enseignants en France ont toujours eu « une marge de manœuvre extraordinaire » concernant le contenu de leur cours, rappelle l’historien Claude Lelièvre, spécialiste de l’éducation.

    Cette liberté est « fondamentale pour pouvoir s’adapter au public en face de nous » estime Florence, 39 ans, qui a enseigné douze ans en primaire et trois ans en maternelle, en Seine-Saint-Denis.

    « Moi je change chaque année le contenu en fonction du degré d’éveil des élèves, des envies que je sens chez eux. »

    Cela dépend aussi des « débats provoqués par la classe », souligne Stéphanie.

    L’an dernier, en plein débat sur le mariage pour tous, elle a dû ouvrir un débat sur ce que c’était que d’avoir deux mamans, après avoir retrouvé un de ses élèves de maternelle, dont c’est le cas, en larmes : il s’était entendu dire que ce n’était « pas bien », « pas normal » et « interdit ».

    Ces débats surviennent souvent sans militantisme derrière. « Ce sont des sujets qui viennent naturellement avec les petits », précise Anne institutrice depuis dix ans, du CE1 au CM2 et qui enseigne dans le Puy-de-Dôme. Elle estime ne jamais avoir eu affaire à un sexisme très marqué, mais avoir néanmoins eu l’occasion de parler de ces sujets.

    « Mes fils les premiers ont donné le sein à leur poupée. Et dans les classes, plein d’occasions nous sont données d’aborder la question de la différence, de la tolérance, qu’elle soit sexuelle, quand un garçon ne veut pas jouer à la dînette ou autre, quand des enfants se tapent dessus. On n’a pas attendu Peillon pour en parler. »

    Florence ajoute :

    « La théorie du genre, je ne comprends pas bien ce que c’est. Mais si on parle du fait que les petites filles puissent faire des métiers comme les garçons ou que les garçons jouent à la poupée, ça bien sûr, je l’ai abordé dans ma classe. »

    Cette enseignante explique que grâce à des albums montrant des filles pompiers ou des garçons coiffeurs, elle a montré à des CE1 que chacun était libre de faire ce qui lui plaisait.

    Julie, 32 ans, qui enseigne depuis 9 ans à Salon-de-Provence (CE2/CM1) n’estime pas du tout que ce soit un enseignement prioritaire. Elle ne se considère pas du tout comme militante. Mais pour une leçon sur la météo, elle doit faire venir un scientifique pour parler de son métier. Elle s’efforce de trouver une femme « parce que les petites filles s’orientent plus difficilement vers des métiers scientifiques. Je veux leur montrer que c’est possible ».

    Ces exemples sont des enseignements sur le genre, qu’ils soient ou non appelés ainsi et à différents degrés, qu’ils ne prennent que quelques minutes par an ou occupent des sessions entières. Ils déconstruisent une norme genrée.

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