« Nation-State Routing : Censorship, Wiretapping, and BGP » de Josh Karlin, Stephanie Forrest et Jennifer Rexford.
Une excellente étude de 2009 sur les conséquences de la #censure sur l’#Internet. Certaines techniques de censure affectent tout le trafic passant par le pays, même si les deux parties qui communiquent ne sont pas dans le pays en question. Ce n’est pas trop grave pour certains pays très censeurs, comme l’Iran, car ils ne servent jamais de lieu de transit pour d’autres pays. Mais c’est beaucoup plus grave pour la Grande-Bretagne qui, certes, censure moins, mais sert beaucoup plus souvent de transit.
Pour quantifier cet effet, les auteurs ont utilisé un indice d’intermédiation (« betweenness centrality » ▻http://en.wikipedia.org/wiki/Betweenness_centrality ). Ils en ont dérivé une « country centrality » qui vaut 0 quand le pays ne sert jamais de transit entre deux autres pays et 1 quand son usage comme transit est obligatoire. Deux techniques différentes (fondées sur des #traceroute et sur l’analyse des annonces #BGP) servent ensuite à calculer la country centrality.
On ne s’étonnera pas que les États-Unis aient une country centrality d’environ 0,35 ; concrètement, cela veut dire que deux interlocuteurs non situés aux USA ont une chance sur trois de voir leurs paquets IP passer par les USA. Autant dire qu’une censure par adresse IP aux États-Unis toucherait plein de gens n’ayant rien à voir avec ce pays. La Grande-Bretagne est seconde (0,19 à 0,24 selon la technique de calcul). Ça baisse très vite ensuite. Si Malek Boutih réussit à faire censurer l’Internet en France, cela affectera surtout des français. La Chine, grand censeur, est encore plus loin derrière et les cas où sa censure déborde sur d’autres pays sont donc rares.