• Jusqu’où peut-on recourir au crédit sans les banques | Atlantico
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    Atlantico : Entre plates-formes de financement participatif et recours à des micro-organismes de crédit, les banques sont loin d’avoir le monopole – notamment pour les petites sommes – pour le financement des projets. Ces nouveaux acteurs vous semblent-ils représenter une alternative crédible ? Les banques sont-elles en danger sur l’activité de crédit ?

    Bernard Marois : Dire que les banques sont en danger est excessif. Compte tenu des nouvelles règlementations bancaires de Bâle 3, avec l’obligation de reconstituer des capitaux propres, elles sont obligées de diminuer leur passif, donc le financement qu’elles apportent à l’économie. Et ce sont évidemment les petites et moyennes entreprises qui en souffrent. Donc le développement d’autres sources de financement est indispensable. Les banques, à la limite, l’acceptent relativement car elles ne peuvent pas faire autrement.
    Que trouvent chez ces nouveaux acteurs les chercheurs de crédits, et qu’ils ne trouvent plus chez les banques traditionnelles ? A l’inverse, ses organismes posent-ils des obstacles nouveaux pour les emprunteurs ?

    Pour les emprunteurs, il s’agit d’une diversification des sources de financement puisque le crowdfunding ou les financements par des fonds permettent de multiplier les prêteurs, ce qui est une bonne chose pour les entreprises. Cela évite d’avoir tous les risques du même côté, sur le secteur bancaire. On sait très bien aussi que le financement de l’économie par les banques – qui représente en France 70% – va aller en diminuant pour se rapprocher du modèle anglo-saxon où ce taux ne s’élève qu’à 30% du financement total, le reste étant principalement pris en charge par les marchés financiers.

    Un des obstacles majeurs, c’est le manque de méthode de calcul des risques – le « credit scoring » – ou l’absence d’agence de notation de type Standard & Poor’s qui puissent analyser ce type de crédit de montant souvent limité. Cela touche aussi bien les investisseurs que les emprunteurs, car cela ne va pas fluidifier le marché rapidement. Mais si le modèle de ces nouveaux organismes prêteurs continue de se développer, on verra apparaître des entreprises et des outils spécialisés dans l’analyse de ces nouveaux crédits.
    Ces nouveaux organismes financent essentiellement des projets aux budgets modestes. Peut-on envisager que les montants prêtés prennent de l’ampleur ? Y a-t-il une limite où la banque est le seul recours possible ?

    Je pense que la diversification est bonne pour les emprunteurs et le mouvement va sans doute se poursuivre pour compléter leurs emprunts bancaires. De plus, on assiste quand même à un développement important du potentiel de ces nouveaux acteurs même si évidemment, on partait de zéro à la base. Et surtout, concernant le potentiel de ces structures, il faut bien comprendre que certains organismes sont réellement important puisque vous avez par exemple tous ceux issus du monde de l’assurance, à travers des fonds de type Novo. Vous avez également les produits proposés par des fonds de pension. Il existe un éventail très large du particulier qui participe à un fond de crowdfunding jusqu’à l’assurance qui participe à un fond de financement privé.

    Des crédits souvent peu rémunérateurs sur des projets à risques de défaillance élevé, ces nouveaux acteurs ne font-ils pas le jeu des banques finalement ? Un système de crédit à deux vitesses va-t-il se pérenniser ?

    Pour reprendre une formule un peu caricaturale, je dirais que les banques préfèrent prêter à des sociétés en bonne santé pour garantir un risque faible, sauf que ces dernières n’ont pas forcément besoin de crédits. Mais, depuis quelques années, les banques sont focalisées sur la faiblesse du risque. Les nouveaux acteurs, eux, vont dans les projets plus risqués et plus rémunérateurs. Mais il ne s’agit pas d’une approche à deux vitesses, plutôt d’une continuité. En effet, même pour une start-up, il y a souvent un mélange de crédit bancaire et de prêts provenant de fonds privés. Et cela n’empêchera pas une entreprise ayant réussi à grandir de revenir vers un système bancaire traditionnel si elle y trouve des conditions plus favorables. Dans tous les cas, je pense qu’à l’avenir les compagnies d’assurance vont être amenées à jouer un rôle majeur.

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