enuncombatdouteux

NI ACTUALITÉS NI COMMENTAIRES, ..... DU COPIER-COLLER ET DES LIENS... Un blog de « curation de contenu » : 82 LIVRES , 171 TEXTES et 34 DOCUMENTAIRES :

  • Enfants handicapés du Gers : condamnés pour avoir dénoncé des maltraitances

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/13/condamnes-pour-avoir-denonce-des-maltraitances_4382045_3224.html

    Les mots figurent page 7 du rapport de l’Agence régionale de santé Midi-Pyrénées daté d’octobre 2013. « Maltraitances institutionnelles ». Deux mots qui valent réhabilitation pour un homme dont la vie a basculé parce qu’il avait osé briser le silence. Didier Borgeaud a eu le courage, et le malheur, d’être le premier, en 1995, à dénoncer les mauvais traitements infligés aux jeunes handicapés pensionnaires de l’institut médico-éducatif de Condom (Gers), placé en novembre 2013 sous administration provisoire après ce constat accablant de l’ARS.

    Se remet-on jamais d’avoir été le lanceur d’alerte que personne ne croit ? Devant les grilles de fer forgé du château qui abrite la maison d’enfants de Moussaron, le quadragénaire en costume, si maître de lui, ne tient que quelques minutes avant de retourner dans sa voiture pour chercher l’apaisement au son d’un concerto de Bach. La « boule à l’estomac ». « Ça a été un tel cataclysme. Je n’avais plus aucun contrôle sur ce qui m’arrivait… »

    « En quelques mois, j’ai tout perdu. » Son emploi. Son épouse, qui travaille à l’institut, comme ses parents avant elle, et ne supporte pas l’opprobre jeté sur la famille – elle part avec leur fille de 3 mois qu’il n’a jamais revue.

    La maison tout juste achetée est saisie. Il mène une grève de la faim, « perd pied », raison, et toute autorité parentale sur sa fille et deux garçons d’une union précédente, le jugement s’appuyant sur une expertise psychologique fournie par Mme Doazan qui, pour ce faire, ne le rencontre pas. Pas plus que la presse locale, qui le dépeint comme mythomane.

    Christine Lajous, une collègue de l’époque, aussi choquée que lui par ce qu’elle voit chaque jour, est auditionnée par les gendarmes qui l’avertissent : « Si je témoignais sans apporter de preuves, je risquais d’être attaquée en diffamation par mon employeur… » Comme Didier Borgeaud, condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis par la cour d’appel d’Agen.

    Bernadette Colignon, 66 ans, et Chrystelle (qui souhaite rester anonyme), 43 ans, étaient monitrices depuis moins d’un an à l’institut Moussaron lorsqu’en 1999 elles ont signalé les mêmes faits que Didier Borgeaud – dont elles n’avaient jamais entendu parler. Les mêmes gifles, sanitaires insuffisants, produits de toilette rationnés, réduits fermés où dorment les enfants, les mêmes défauts de soin, d’intimité, de surveillance, d’aliments frais… Mais elles sont deux, qui ont fait des photos, recueilli des témoignages de collègues, de parents.

    Après un licenciement pour faute lourde, les voilà pourtant condamnées en diffamation par la cour d’appel d’Agen, en 2002. « Je n’ai toujours pas compris », lâche Bernadette Colignon, encore bouleversée. « On ne sort pas pimpante d’un truc pareil. » Jamais elle n’a retrouvé de travail. Chrystelle n’y est parvenue qu’après une dépression et un changement de région.

    #lanceur-d'alerte