• Rage contre la machine - CQFD
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    Dans son numéro de février 2014, CQFD, le mensuel de critique et d’expérimentation sociale, consacrait un dossier à la critique technologique, avec une interview de François Jarrige auteur de Technocritiques, du refus des machines à la contestation des technosciences, une critique de la position philosophique de Bernard Stiegler, et un glossaire tout autant critique…

    Alors que dans les faits la critique de la technoscience se heurte immédiatement à la disqualification et à la répression avec tout le discours sur l’écoterrorisme. On construit un spectre : le technophobe qui menacerait la civilisation. Parallèlement, les États essaient de multiplier les dispositifs d’acceptabilité des produits technologiques. Cela confirme à mon sens la démonstration que la technique est intégralement un phénomène (...)

    #technocritique

    • « Les travailleurs des débuts de l’ère industrielle ne se sont pas opposés au machinisme naissant au nom d’une supposée misotechnie ou d’un refus obscurantiste du progrès, ils se sont opposés à des “trajectoires technologiques” qui menaçaient d’accentuer la discipline et d’éroder le contrôle qu’ils détenaient sur leur savoir-faire et sur l’organisation du travail. »

      Depuis une trentaine d’années, les mobilisations qui mettent la technoscience au cœur de leur lutte tendent à s’accroître : opposition à de grands projets industriels, lutte anti-OGM, refus des technologies sécuritaires, etc. Ce ne sont pas des mouvements « technophobes » stricto sensu et ils peuvent rassembler des éléments très hétéroclites : des militants politiques, des riverains contre les nuisances (pollution, risques) ou des mouvements plus professionnels (éleveurs contre le puçage de leurs brebis). Ces luttes s’accompagnent d’une remise en cause de la figure de l’expert et du technicien, d’où l’inquiétude des autorités scientifiques, industrielles et politiques. C’est fascinant de constater à quel point ces pouvoirs gigantesques s’inquiètent de l’influence de groupes technocritiques marginaux. Certains ont été jusqu’à se fendre récemment d’une tribune pour se plaindre de l’opposition grandissante de la société française aux technologies [3]. Alors que dans les faits la critique de la technoscience se heurte immédiatement à la disqualification et à la répression avec tout le discours sur l’écoterrorisme. On construit un spectre : le technophobe qui menacerait la civilisation. Parallèlement, les États essaient de multiplier les dispositifs d’acceptabilité des produits technologiques. Cela confirme à mon sens la démonstration que la technique est intégralement un phénomène politique.
      [3] Cf. « La France a besoin de scientifiques techniciens » par Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et Michel Rocard, Libération, 14 octobre 2013.