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récoltes et semailles

  • Leurs gauches et la nôtre - Daniel Bensaïd (janvier 2008)
    http://danielbensaid.org/Leurs-gauches-et-la-notre

    Une patience pressée. Les alliances, en #politique, ne sont pas affaire d’habileté, mais d’objectifs à atteindre et de rapports de forces. Sans quoi elles se réduisent à la manœuvre où, la plupart du temps, tel est pris qui croyait prendre. L’unité pour quoi faire ? Avec qui ? Sur la base de quels rapports de forces ? Dans son discours au congrès de fondation de Die Linke, en juin 2007, Oskar Lafontaine a martelé : « Nous sommes le parti de l’État social ». Et : « Il faut une nouvelle gauche qui dise : oui, nous voulons restaurer l’État social » [13] !

    La formule est aussi vague que fausse. On n’en reviendra pas aux mêmes modes de régulation, aux mêmes espaces politiques, aux mêmes formes de sécurité sociale fondée sur la stabilité et la pérennité de l’emploi, qu’à l’époque fordiste. Pour inverser le rapport entre capital et travail, détérioré depuis trente ans, il faudrait reconquérir les services publics et les étendre à l’échelle européenne, restaurer et renforcer le droit du travail, harmoniser à la hausse les salaires, les horaires de travail, et les systèmes de protection sociale, décréter une « nuit du 4 août » contre les privilèges fiscaux… Il faudrait rompre avec les critères de convergence en vigueur depuis Maastricht et avec le Pacte de stabilité, reprendre le contrôle politique de l’outil monétaire, affronter les lobbies de l’armement, de l’énergie, et des médias. Autrement dit, faire tout le contraire de ce qu’ont fait et de ce que font, depuis plus de vingt ans, les gouvernements de gauche et de centre-gauche.