• PAC : La politique des petits pas n’est pas à la hauteur des enjeux d’une agriculture d’intérêt général (revenu et emploi paysan, qualité alimentaire, préservation des écosystèmes et des ressources naturelles)
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    Au delà de tous les aspects techniques, la #PAC se résume à définir comment on répartit les presque 10 milliards d’aides qui viennent dans le cadre du 1er pilier.
    Il faut savoir que l’ensemble des aides publiques à l’#agriculture, qu’elles proviennent de la PAC, de l’Etat, des Régions, ou des départements, représentent en gros le revenu de la ferme France. Leur juste répartition devrait donc contribuer à ce que chaque paysan de la ferme France puisse accéder à un #revenu décent ! En étant majoritairement réparties en fonction du nombre d’hectares, et non en fonction des actifs, les aides ne sont pas pensées pour répondre à cet objectif.
    Une deuxième question que le ministre devrait se poser au moment de prendre une décision est de savoir si cette décision contribuera au maintien ou au contraire à la diminution du nombre de #paysans.
    Enfin le troisième enjeu est celui d’une agriculture productive de qualité alimentaire et de respect de la nature. Les aides à l’agriculture sont des aides provenant de l’#impôt de tous les citoyens, il faut donc qu’elles soutiennent une agriculture d’intérêt général, revenu et #emploi paysan, qualité alimentaire et respect de la nature.

    C’est au regard de ces enjeux qu’il faut apprécier les décisions qui sont en train d’être prises pour la nouvelle PAC. Cette nouvelle PAC est un paquet global dans lequel il y a des éléments qui vont dans le bon sens et d’autres dans le mauvais sens. Il y a surtout un élément essentiel, central, qui poursuit sa trajectoire négative : c’est l’objectif de diminuer le nombre de paysans qui est toujours au coeur de l’application française de la PAC. Il s’agit là d’un élément véritablement mauvais, car moins il y a de paysans, et moins l’agriculture sera attractive pour les jeunes. Il faut arrêter de penser que la disparition de certains assure la survie de ceux qui restent, au contraire, elle la fragilise et la menace. Il y a suffisamment de territoires en France ou ailleurs qui, tous sans exception, le démontrent.

    Plusieurs décisions politiques se traduiront par la diminution du nombre de paysans : le plancher des 10 vaches pour la PMTVA (Prime Vaches Allaitantes), le fait que la France ait refusé d’activer une ligne « petites fermes » proposée par Bruxelles, ou le fait qu’il n’y ait pas de plafonnement toutes aides comprises, etc...
    Le seuil des 10 vaches est particulièrement grave, car cette logique ne peut que s’amplifier à l’avenir, avec un seuil qui remonterait encore vers 15 ou 20 vaches pourquoi pas ?
    Le ministre nous explique que cela n’est pas bien grave car ceux qui ont moins de 10 vaches touchent d’autres aides ! Et ceux qui ont plus de 10 vaches ne perçoivent-ils pas aussi d’autres aides ?
    En prime ovine, la petite dégressivité de 2€ à partir de la 500eme brebis correspond en fait à un non plafonnement et donc à encourager les troupeaux de plus en plus gros, avec toutes les conséquences qu’on connait : achat massif d’aliments onéreux, risques bactériologiques dans la qualité des eaux, etc.

    De façon générale, dans les différentes productions, l’idée est de soutenir la production avec toujours moins de producteurs. Il y a une obsession qui consiste à penser que les grosses exploitations sont plus compétitives, et donc qu’une agriculture composée de grosses exploitations est une agriculture compétitive... alors que toutes les études montrent que le différentiel de revenu entre les grosses fermes et les autres n’est dû qu’au différentiel d’aides publiques qu’elles perçoivent !
    Cette PAC qui se traduira par une discrimination accélérée des paysans, comporte pourtant des éléments bien intéressants qui auraient pu être généralisés. Le plan « protéines végétales » est un bon plan et les éleveurs du Pays Basque engagés dans les démarches de qualité (AOC, Herriko...) qui exclut l’alimentation OGM, devront se saisir de cette opportunité.

    La nouvelle ICHN (indemnité compensatoire de handicaps naturels) maintient des éléments essentiels sur lesquels #ELB avec toute la #Confédération_paysanne s’est très fortement mobilisé : une revalorisation de 15% dès 2015 qui n’a pu être possible que parce qu’il y a un plafond à 50 hectares avec une revalorisation de 50% pour les 25 premiers hectares. Même l’ancienne PHAE (Prime Herbagère Agro-Environnementale) qui était plafonnée à 100 hectares, vient aujourd’hui en complément de l’ICHN, en étant plafonné à 75 hectares !
    C’est le fait de mettre des plafonds raisonnables qui permet de revaloriser correctement les premiers hectares ou les premiers UGB. Ce mécanisme est en faveur de la grande majorité des paysans, il montre qu’avec le même argent mieux réparti, on peut faire beaucoup mieux pour tous !

    De façon générale, c’est ce qui manque à la nouvelle PAC, et c’est dommage. La situation est tellement urgente, que la politique des petits pas dans un sens n’est pas à la hauteur des enjeux !

    Mixel Berhocoirigoin

    #paysannerie #agrobusiness #justice_fiscale