• Lettre à Alexis Jolly, candidat du Front national à Echirolles.
    Comment j’aurais pu être sur la liste du FN

    Lettre à Alexis Jolly, candidat du Front national à Echirolles.

    Salut Alexis,
    On s’est vu quelques fois, on a échangé quelques mails, et pris l’habitude de se tutoyer. On se connaît à peine, et pourtant je t’écris une lettre, à l’ancienne. À l’époque de Twitter, Facebook et compagnie, je ne sais pas si un jeune homme comme toi, de vingt-trois ans, reçoit beaucoup de lettres. Mais j’espère que tu prendras le temps de la lire. Alexis, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je t’ai menti. Voire même : je me suis bien foutu de ta gueule. Rien de bien méchant, c’était pour la bonne cause. Laisse-moi t’expliquer.
    La suite ici : http://www.lepostillon.org/Comment-j-aurais-pu-etre-sur-la.html

    • Bienheureux le candidat frontiste aux élections municipales de 2014. Le « plus gros de la campagne » consiste à trouver des noms de colistiers, le reste (tractage, affichage, et autre travail militant) étant secondaire. Vous avez de la chance au Front national : la promotion de vos idées est assurée par les médias et par la médiocrité de la classe politique. C’est ainsi que toi, jeune homme de vingt-trois ans, vas sûrement recueillir autour de 20 % des suffrages à Échirolles, commune où tu n’habites pas et que tu connais à peine. Avoue que c’est pratique : tu n’as presque pas besoin de faire des efforts, d’aller à la rencontre des habitants, de débattre de tes idées. En même temps, cela ne doit pas être très gratifiant non plus : aujourd’hui un manche à balai avec l’étiquette « Bleu Marine » pourrait recueillir un cinquième des suffrages dans une ville comme Échirolles.

    • À force d’entendre parler à longueur d’articles de « la montée du Front national », j’avais de plus en plus l’impression que ce parti était une force politique importante et que ses sections locales regorgeaient de militants prêts à en découdre. En réalité, pour une agglomération de 400 000 habitants, il y a « une dizaine de jeunes » actifs et quelques vieux pour les encadrer : on est loin d’une grande vague bleu marine.

    • Pour lutter contre le fascisme, vaut-il mieux ressasser les mêmes slogans sur « le danger de l’extrême-droite » et « le retour des heures les plus sombres de notre histoire » ? Ou plutôt prendre le temps de comprendre cet échec et d’en tirer des enseignements ? Comprendre pourquoi le Front national parvient à détourner la colère des petites gens sur ses thèmes favoris que sont l’insécurité et les dangers de l’immigration ? Comprendre pourquoi aujourd’hui, dans les milieux pauvres, on ne parle plus de lutte des classes, d’anti-capitalisme, de la construction d’une société réellement socialiste (qui n’a rien à voir avec celle dirigée par le Parti socialiste) ?

    • Car c’est ça qui te fait sans doute rêver, Alexis : le pouvoir.
      Moi, c’est ce qui me rebute. Notre monde crève de la lutte pour le pouvoir, de tous ces jeunes et moins jeunes qui se bataillent pour un strapontin, qui se chiffonnent pour un poste, pour avoir leur photo dans le journal et les honneurs de la République. Notre monde crève de gens comme toi, Alexis, même si tu as encore pour quelque temps – à la différence des élites locales - l’excuse de la jeunesse.
      Faire de la politique, cela devrait vouloir dire se battre pour des idées, pas pour des postes. Tes idées ne sont pas tes idées, ce sont celles du parti : tu les ressors telles quelles dans tes tracts. Ton parti t’empêche de faire de la politique, c’est-à-dire de penser par toi-même. Là-dessus, c’est sûr : le Front national est un parti comme les autres.