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  • Transition énergétique : de quoi Jeremy Rifkin est-il le nom ?
    http://labrique.net/numeros/numero-39-mars-mai-2014/article/transition-energetique-de-quoi

    Parlons peu, parlons bien : deux des mecs les plus puissants de la région viennent de s’offrir pour plusieurs centaines de milliers d’euros les délires d’un futurologue américain pour transformer toute l’économie du Nord-Pas-de-Calais. La « Troisième révolution industrielle » vient de nous tomber sur le coin de la gueule, et on en a pour au moins cinquante ans. Bon courage ! Source : La Brique

    • La vraie question est là. Le discours de Rifkin est un discours productiviste, industrialiste, pro-croissance et nouvelles technologies. Il n’est jamais question d’un changement de modèle, de mode de consommation. L’argument semble pourtant évident : le monde entier ne pourra pas continuer à vivre en brûlant autant d’énergies que l’Occident. C’est ce qu’explique Jean Gadrey, professeur émérite à l’université de Lille 1, rencontré dans un café près de la Gare Lille-Flandres : « Avec Rifkin, c’est l’ébriété assurée contre la #sobriété matérielle et énergétique. » Et de continuer : « Quand je dis que la TRI de Rifkin ne tient pas la route sur le plan écologique, c’est notamment parce qu’elle suppose une croissance qui sur le plan de ses contenus matériels, des #matières_premières, des #terres_rares, des nouvelles technologies ne pourra pas tenir la route. » Rifkin veut continuer à produire et vendre des voitures : mais électriques. Continuer à consommer autant d’énergie : mais renouvelable. Il veut un #capitalisme : mais vert.

      Si on regarde le modèle Rifkin sous l’angle de la démocratie, les contradictions sont encore plus grandes. L’apôtre du « pouvoir latéral » ne jure que par les décideurs. Pour Gadrey : « Son livre est un hymne à sa propre personne ». En effet, à longueur de page, notre moustachu régional raconte toutes ses rencontres avec Angela Merkel, Jose-Emmanuel Barroso, Romano Prodi ou le prince Albert de Monaco. Un vrai lobby vertical. Idem pour l’aspect social. Rien sur les "inégalités d’accès à ces nouvelles #énergies_renouvelables. Le pape se contente de répondre par une égalité : nouvelles technologies, nouveaux emplois. Il est même rattrapé par un chroniqueur du droitier magazine patronal lillois l’Autrement dit : « En ce début d’année, il serait inquiétant de ne rien voir de palpable sur le volet social du master plan. Car, regardons les choses en face, les habitants sont bien loin de s’en préoccuper, or sans mobilisation sociale le master plan fera pschitt. »

      En fin de compte, Rifkin est avant tout accro à la technique. Ces piliers font la part belle aux nouvelles technologies et aux entreprises qui les portent. Les problèmes écologiques doivent trouver une réponse dans l’innovation technologique. La #fuite_en_avant continue. Pire, comme l’explique Gadrey : « Chez Rifkin, les grandes transformations de la société et des rapports humains sont essentiellement déterminées par les innovations technologiques. Il y a cette idée que si on parvenait à ce que chacun devienne son propre producteur d’électricité à la maison ou avec sa voiture électrique, et bien alors chacun retrouverait tellement de pouvoir sur le domaine énergétique que cela influerait sur le pouvoir qu’il exerce dans l’ensemble de la société. Parce qu’au fond : détenir les clés de l’énergie, c’est détenir les clés du pouvoir démocratique. » Derrière ses cinq piliers technologiques et la constitution d’un monde entièrement branché sur le net, Rifkin nous vend une nouvelle société, un nouvel homme.

      #productivisme #industrialisme #critique_techno #système_technicien #oligarchie #administration_du_désastre