Sur la lutte “autonome” des femmes
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La première est de calquer la situation des sociétés primitives sur celle du communisme futur, en faisant comme si on pouvait raisonner toutes choses égales par ailleurs. Or, les choses ne sont justement pas du tout égales par ailleurs — c’est pour cette raison que l’existence ou l’inexistence d’un matriarcat passé, en elles-mêmes, ne prouvent strictement rien sur les futurs rapports entre les sexes. Ce que j’ai essayé d’expliquer dans mon bouquin, c’est que le capitalisme a bouleversé de fond en comble les structures sociales, de sorte que le communisme futur ne sera pas seulement différent de celui du passé par son développement technique. Il s’en distinguera par des rapports sociaux tout à fait différents et, en l’occurrence, opposés : le critère du sexe, qui était la ligne principale, sinon unique, de partage du travail social dans les sociétés primitives, sera totalement abandonné dans la société de l’avenir. Cette société s’édifiera en effet sur un terreau d’où le capitalisme aura déjà extirpé la plupart des raisons qui ont fondé, (pré)historiquement, la division sociale (et inégale) des sexes. Pour dire les choses autrement, et plus simplement : je manque peut-être d’imagination, mais je ne vois pas par quelles voies une société qui, sur la base du développement acquis par le capitalisme, ayant aboli entre autres la propriété privée des moyens de production, les inégalités matérielles et les frontières, et ayant élevé d’une manière colossale le niveau matériel et moral de l’humanité, pourrait continuer à entretenir l’oppression d’un sexe par un autre (de la même manière qu’on ne voit pas comment une telle société pourrait continuer à entretenir des oppressions de « race » ou de nationalité). Et, sauf erreur, je ne crois pas que personne ait jamais développé un raisonnement sérieux à l’appui d’une telle possibilité.