• Amusante citation d’un des pères de la « Révolution conservatrice » (allemande), Spengler, sur l’Europe

    "Ici encore, l’historien est dominé par le préjugé fatal de la géographie ! - pour ne pas dire de la suggestion de la carte - qui admet un continent européen . Ce qui lui fait croire à lui aussi qu’il est tenu de tracer une frontière idéale correspondante avec l’ « Asie ». Le mot Europe devrait être rayé de l’histoire. Il n’existe pas de type historique « européen ». Il est fou de parler d’ « Antiquité européenne » chez les Hellènes (Homères, Héraclite, Pythagore seraient-ils donc des Asiates ?) et de leur « mission » de rapprocher les cultures asiatiques et européennes. Ces mots issus d’une interprétation superficielle de la carte ne correspondent à aucune réalité. Le terme d’Europe, avec tout le complexe d’idées qu’il suggère, a seul créé dans notre conscience historique une unité que rien ne justifie entre la Russie et l’Occident. Ici, dans une culture de liseur, formés par les livres, c’est une pure abstraction qui a conduit à des conséquences réelles immenses. On a faussé pour des siècles, dans la personne de Pierre le Grand, la tendance historique d’une masse primitive en dépit de l’instinct russe qui limite très justement, avec une hostilité intérieure incarnée par Tolstoï, Aksakov et Dostoïvski, les frontières de l’ « Europe » à celles de la « Russie Mère ». Orient et Occident sont des concepts à pure substance historique. « Europe » est un son creux. Toutes les grandes créations de l’ Antiquité sont nées de la négation de toute frontière continentale entre Rome et Chypre, Byzance et Alexandrie. Tout ce qui s’appelle culture européenne est né entre la Vistule, l’Adriatique et le Guadalquivir. Même en supposant que la Grèce de Périclès « fut située en Europe », aujourd’hui elle ne l’est plus."

    [Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident ]