• La première chose qui nous a fort étonnés, c’est la présence du directeur et des ses bras droits aux AG des grévistes. La direction avait organisé le vote à bulletin secret pour la grève avant le début du festival. C’est une technique souvent utilisée pour reprendre en main un mouvement ou l’empêcher de démarrer (les syndicats sont coutumiers du fait quand ils veulent arrêter une grève). En effet, la pression de l’encadrement sur chaque individu est plus forte et n’est pas contrebalancée par l’enthousiasme collectif. Les non-grévistes sont plus à l’aise pour exprimer un point de vue contre le mouvement… En organisant ce vote, la direction souhaitait garder le contrôle de la situation. Si le directeur affirmait depuis le début qu’il soutenait le mouvement, sa position, sa fonction faisaient qu’il ne pouvait laisser la grève se durcir. L’ objectif d’un directeur de théâtre est de faire jouer coûte que coûte et de sauver ainsi, un peu, son festival. Son intérêt est alors opposé à celui des grévistes, quelle que soit sa sincérité quant aux revendications. Sa présence en AG pose un problème : il est difficile pour des salariés en grève de s’exprimer devant la personne qui va les employer, ou non, le mois ou la saison suivante. Les risques de répression individuelle à la suite du mouvement ne sont pas minces, d’autant plus dans un secteur (le spectacle), où par définition l’emploi saisonnier dépend du bon vouloir de quelques directeurs de théâtre qui se connaissent tous.