Quelles sont les conséquences de ces travaux sur la recherche en intelligence artificielle ? La notion de métaphore et de cognition incarnée rend-elle vains tous les efforts pour créer une intelligence sur un substrat machinique ?
Selon Chorost, pour Lakoff, aucun doute : cela tue toute tentative dans ce domaine, et concernant la fameuse singularité de Kurzweil, Lakoff “n’y croit pas une seconde”. Cette théorie sur l’échec de l’IA se retrouve d’ailleurs mise en avant dans un article de Nicholas Carr présentant les thèses de Chorost, intitulé : “L’insoutenable lourdeur de l’IA”.
Malheureusement, pour Carr, la situation est beaucoup plus complexe qu’il ne la présente. Du reste, Chorost, dans l’article original, est beaucoup plus objectif, il mentionne plusieurs points de vue et n’oublie pas de citer entre autres Rodney Brooks, qui affirme qu’on peut donner des corps aux ordinateurs à l’aide de la robotique (Carr ne cite pas ce passage dans son compte rendu). Plus près de chez nous, les travaux de l’Inria reconnaissent complètement cette notion de cognition incarnée, que soit Pierre-Yves Oudeyer, qui étudie l’apprentissage chez les robots, ou Fréderic Alexandre, qui se penche sur le cerveau humain, mais avec le projet explicite de construire une intelligence artificielle.