• Comment expliquer, cependant, qu’on puisse se « fabriquer » une tumeur à force d’avaler des couleuvres et d’ignorer son propre ressenti ? La clef pourrait se trouver dans les mécanismes de réaction au stress, en grande partie élucidés aujourd’hui. Selon la thèse d’Yvane Wiart, les répressifs affectifs, qui ne savent ni formuler leurs besoins affectifs, ni deviner ceux des autres, sont soumis à de fortes tensions relationnelles. « Cette forme méconnue de stress chronique a les mêmes effets que d’autres, plus évidentes, comme la pression au travail ou encore l’arrivée d’un enfant lourdement handicapé dans une famille », affirme la psychologue.
      Lesquels ? D’abord, un affaiblissement des défenses immunitaires. Le stress fait notamment baisser le nombre et l’efficacité des globules blancs chargés de l’élimination des cellules anormales, dont les cellules cancéreuses. Ensuite, et c’est moins connu, il agit au coeur même des chromosomes, ces bâtonnets formés de brins d’ADN porteurs de l’information génétique de chaque individu.
      "La personnalité, un rôle important dans la manifestation du cancer
      La biologiste américaine Elizabeth Blackburn, couronnée en 2009 par le prix Nobel, a montré qu’il accélère l’usure naturelle des télomères, des embouts de protection situés à l’extrémité des chromosomes. A force, les brins « s’effilochent », comme ceux des lacets de chaussure. Quand la cellule se duplique, il se produit des erreurs de copie de l’ADN, c’est-à-dire des mutations potentiellement malignes. La cellule mutée n’a plus qu’à profiter de la perturbation du système immunitaire pour passer au travers des mailles du filet.

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      A l’institut Curie, à Paris, Bernard Asselain, chef du service de biostatistiques, estime au contraire que « le raisonnement se tient » et que, oui, « la personnalité joue sans doute un rôle important dans la manifestation du cancer ». Mais il lui paraît difficile, au vu des connaissances actuelles, de dire dans quelles proportions.
      L’urgence, pour Yvane Wiart, n’est pas là. Elle réside dans la prise de conscience, chez les répressifs affectifs, de l’impact négatif sur la santé de leur manière d’être. Rejoignant en cela l’opinion de chercheurs spécialisés dans la chimie des émotions, elle souligne que la qualité des liens tissés avec l’entourage ménage l’organisme sur le long terme. Et que si, chez l’humain, être éminemment social, le mode relationnel s’installe dès l’enfance, il n’est jamais trop tard pour en changer.
      « Le principal obstacle tient à notre refus instinctif, une fois adulte, d’examiner en détail les conditions dans lesquelles nous avons grandi, les manques affectifs dont nous avons pâti, parce que nous continuons à vouloir protéger l’image de nos parents », souligne la psychologue. Il s’agit, en somme, de porter un regard lucide sur la manière dont on a été élevé. Pas si facile, mais manifestement salutaire.

    • « répressifs affectifs », jamais entendu parler, sonne comme un anglicisme. #Alexithymique (comme indiqué dans l’article) me semble plus pratique pour éventuelle recherche.

      Du grec lexis (mots), thymos (humeur), précédés du « a » privatif, l’alexithymie désigne la difficulté à exprimer ses émotions.