« Nike paie vingt-neuf cents un gamin pour confectionner un maillot de basket avant de le revendre cent quarante dollars et ce serait moi le criminel ?
Wal-Mart décime comme des bisons tous les commerces de proximité du pays et allonge sept cents de l’heure aux gosses qui fabriquent ses merdes et ce serait moi le criminel ?
On dit bye-bye à deux millions d’emploi en deux ans, aucun travailleur ne peut encore avancer l’argent de l’achat d’une baraque, le fisc nous dépouille comme un poivrot devant un distributeur de billets de banque puis envoie notre fric à quelque industriel sous-traitant de la Défense, qui va fermer une usine, licencier ses ouvriers et s’octroyer un parachute doré de plusieurs millions de dollars et c’est moi le criminel ? Moi qui devrais m’appuyer une peine de prison à vie incompressible ?
Tu peux prendre les Crips, les Bloods, toutes les posses jamaïcaines, la mafia, la pègre russe et les cartels mexicains ... À eux tous, ils seraient bien infoutus d’amasser en une bonne année autant de pognon que le Congrès en un après-midi médiocre ... »
Don Winslow L’hiver de Frankie Machine
Traduction Frank Reichert