• #Coupables d’être #pauvres
    LE MONDE | 07.10.2014 à 08h15 • Mis à jour le 07.10.2014 à 08h39 |
    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/10/07/coupables-d-etre-pauvres_4501583_3222.html

    Emily Buhr était au volant de sa voiture lorsqu’elle a été arrêtée par un policier qui recherchait de la drogue. Il a fouillé son véhicule, en vain, puis il a procédé au contrôle qui allait signer la perte de la jeune femme. Défaut d’assurance. Pour ce motif, elle était déjà sous le coup d’un mandat d’arrestation. Elle n’avait pas payé l’amende faute de moyens et ne s’était pas présentée devant la cour chargée de son dossier. Emily Buhr devait 700 dollars (environ 550 euros) à la municipalité du comté de Saint-Louis (Missouri) dont dépendait le policier. Le soir même, elle dormait en prison. « Pas parce que j’étais une criminelle, mais parce que je suis pauvre », soupire la jeune femme.

    Cette violence policière-là ne tue pas. Elle détruit lentement, à bas bruit. Il a fallu les nuits d’émeutes de Ferguson, la ville où Emily Buhr réside, après la mort d’un jeune Noir tué par un policier blanc, le 9 août, pour la faire apparaître. Année après année, un circuit fermé et parfaitement huilé a alimenté une colère que les balles fatales tirées sur Michael Brown ont contribué à enflammer. Ville composée aux deux tiers d’Afro-Américains, Ferguson – un peu plus de 21 000 habitants – est gouvernée par un conseil dirigé par des Blancs. Ce conseil nomme le chef de la police municipale, dont les membres sont majoritairement des Blancs, ainsi que le juge de la cour municipale chargée de statuer sur les infractions routières, dont le produit revient à la ville. Plus les policiers verbalisent, plus la municipalité s’enrichit.

    #Etats-Unis #racisme #discrimination #police