Revenu garanti et violence de classe par @Aude_V
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Pas convaincue par la construction mĂȘme de lâargumentaire. Jây trouve une tendance Ă la gĂ©nĂ©ralisation Ă partir de trĂšs peu dâobservations de terrain et une nĂ©gation du concept de choix. Si tu retires du RdB les vues libĂ©rales (collectiviser un socle de salaire payĂ© par lâĂtat en Ă©change dâune baisse gĂ©nĂ©rale des revenus et la disparition de la solidaritĂ© nationale), il te reste le concept de choix. Dans ton argumentaire, le travail est Ă©mancipateur sauf pour les classes moyennes supĂ©rieures qui chouinent parce que câest moins bien quâavant. Le fait est que le travail est diversement Ă©mancipateur selon les situations. Avec un revenu de base suffisant, chacun est amenĂ© Ă sâinterroger sur son propre rapport au travail. Il y a peut-ĂȘtre des cadres qui vont se barrer et des ouvriers qui vont rester. Je crois mĂȘme quâil y aurait un peu de tout. Ce qui compte, câest dâavoir un outil de plus pour avoir le choix.
Quant au regard et Ă lâusage que font les actifs sur les inactifs, lâexistence mĂȘme dâun revenu de base remettrait en question certaines hiĂ©rarchies et rapport au travail. Il y a de la stigmatisation, actuellement, des privĂ©s dâemploi, mĂȘme est-ce que ça marcherait aussi bien avec la possibilitĂ© de sâengager dans des Ćuvres non marchandes collectives, comme on en voit beaucoup dans le monde du logiciel libre ?
Je voudrais faire apparaĂźtre ici les violences de #classe qui sont Ă lâĆuvre dans certaines critiques du travail. Jâai achetĂ© Ă sa publication en poche un recueil dâarticles de Jacques Ellul : Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? Et puis je me suis dit quâun prof de fac nâavait pas Ă faire la leçon sur le sujet Ă une chĂŽmeuse de trĂšs longue durĂ©e. Dâautant moins quand le dit prof de fac est capable de publier un texte dans lequel il se met en scĂšne en femme et explique quelle joie est la sienne au retour de son mari Ă se mettre Ă genoux Ă ses pieds pour lui glisser de confortables pantoufles (câest dans ExĂ©gĂšse des nouveaux lieux communs, mais je tire lâexemple des pantoufles de reprĂ©sentations qui datent de la mĂȘme Ă©poque). Il est Ă©vident que les bons petits plats ne seront plus au menu si madame travaille. Quelle critique du travail peut-on dĂ©cemment mener quand non seulement on en tire personnellement des bĂ©nĂ©fices quâon nâabandonnera pas, mais quand ces bĂ©nĂ©fices sont plus nombreux si les autres ne travaillent pas ?
#RdB