• Pourquoi je n’aime pas “Land and Freedom” de Ken Loach
    http://ddt21.noblogs.org/articles/pourquoi-je-naime-pas-land-and-freedom-de-ken-loach

    Non pas que le débat politique soit absent du film. Une des scènes les plus longues (12 minutes), et la plus importante pour Ken Loach, il l’a déclaré ensuite, montre, dans un village libéré par la milice, une assemblée discutant de la collectivisation des terres et de la priorité à y accorder ou non. Un Américain soutient la nécessité de tout subordonner à l’effort de guerre et met en garde contre des mesures trop radicales qui effraieraient les pays capitalistes démocratiques prêts à aider la république espagnole. Un Allemand affirme au contraire que guerre et révolution doivent être menées de pair. L’assemblée vote finalement la collectivisation.

    Mais le spectateur d’un film n’est pas dans la situation d’un lecteur comparant des options politiques proposées sur du papier. Il est devant un écran où agissent des personnages dans une succession de scènes dont chacune prend son sens par les précédentes et les suivantes.

    #cinéma #histoire

    • Dans les années 70, des critiques s’en étaient pris à ce qu’ils nommaient la « fiction de gauche », consistant à appliquer les codes de la littérature et du cinéma populaires à un contenu contestataire ou anti-bourgeois. A l’instar des films policiers, un enquêteur découvre la vérité sur un crime, sauf qu’ici le coupable est un coupable politique ou social. Le personnage central, brave homme, issu du peuple, journaliste indépendant, ouvrier, voire policier honnête, agit en justicier contre des militaires fascistes, un violeur raciste, un homme politique « de la majorité » (celle d’alors, gaulliste), des flics brutaux ou un patron exploiteur. Le spectateur découvre avec le héros les turpitudes ou les infamies de la société. Parfois, pas besoin d’enquête ni de héros : le redressage de torts n’a pas lieu dans le récit, ce serait inutile, la morale de l’histoire s’imposant d’elle-même au public. Quelques exemples :

      Z (1969) : dans un pays non précisé mais où tout le monde reconnaît la Grèce, un juge opiniâtre démasque les responsables gouvernementaux et militaires de l’assassinat d’un député de gauche.

      L’Aveu (1970, du même Costa-Gavras), inspiré de faits réels : à Prague, en 1951, un membre du gouvernement est faussement accusé de crimes qu’il doit avouer dans un procès truqué.

      Dupont Lajoie (1974) : un raciste meurtrier d’une femme fait accuser du crime un ouvrier algérien.

      Cadavres exquis (1976) : un commissaire de police intègre découvre les complots des services secrets italiens visant à maintenir la droite au pouvoir.

      Qu’est-ce qu’on y comprend de la dictature des colonels grecs, du stalinisme, du racisme, de la « stratégie de la tension » en Italie… ? Rien d’important, le démontage des causes étant réduit au dévoilement d’une opposition entre les bons et les méchants.

      C’est pas faux, le #manichéisme est un costume qui sied mal aux idées de gauche..