• #Ukraine : rencontre avec deux antifascistes
    http://lahorde.samizdat.net/2014/11/07/ukraine-rencontre-avec-deux-antifascistes

    Pour un certain nombre de militants progressistes, la révolution de #Maidan se résume à un coup d’État fasciste, manipulé par l’Union européenne (pourtant bien incapable d’avoir une politique étrangère cohérente) et l’OTAN. Illya et Natacha, militants antifascistes ukrainiens venus témoigner lors de l’université d’été d’Attac à Paris, donnent un autre son de cloche. Vous étiez [&hellip

    #International #Non_classé #Pravy_Sektor #Svoboda

    • Allez-y, parlez-en !
      Le nationalisme ukrainien en général est très lié aux relations avec la Russie, qui a toujours considéré, déjà sous le tsarisme, que l’Ukraine était sa terre, la « petite Russie ». Tu retrouves encore aujourd’hui la même idée sous la plume du fasciste russe Douguine, conseiller du Kremlin en matière géopolitique. Le nationaliste ukrainien est donc d’abord anti-russe, contre la domination de Moscou, et construit l’identité ukrainienne sous cette vision. La peur du grand voisin russe est de toute façon partagée par une grande partie de la population, qui n’a pas oublié les grandes famines paysannes provoquées par Staline dans les années 1930, le « Hlodomor ». Ce nationalisme est de droite, donc exclusif, donc très souvent antisémite. C’est pourquoi l’image de Stepan Bandera, allié des nazis (jusqu’en 1941) puis animateur de la résistance antisoviétique, est un personnage qui créée encore aujourd’hui un fort dissensus. (Les nationalistes se désignent comme banderovtsy, partisans de Bandera, et le Kremlin désigne ainsi l’ensemble des pro-Maidan NDLR). Mais ce qui s’est passé à Maidan a changé la donne : ce sont tous les secteurs de la société qui se sont investis, politiques, sociaux, ethniques : l’un des premiers morts était Arménien, des Juifs aussi sont tombés sur Maidan. Une autre vision de la nation a émergé, ethniquement plus intégratrice. Les fafs, qui ont combattu côte à côte avec tous ces gens, ont été touchés. On a pu voir lors de l’enterrement d’un activiste juif une section de Pravy Sektor venu lui rendre hommage. Chose impensable il y a quelques mois ! Du coup, les vrais néonazis de l’Assemblée sociale-nationale ont fait scission et leurs militants ont servi de colleurs d’affiches pour le candidat populiste Oleh Lyashko aux dernières présidentielles (8,32%). Ceci dit, si l’antisémitisme et le racisme ont été mis sous le boisseau, un faf reste un faf, avec tout le reste des idées sur un État fort, contre la démocratie, pour le culte de la famille, la haine de la gauche, etc.
      (…)
      Et à l’Est ? Lougansk et Donetsk ?
      Même campagne de désinformation venue de Russie pour une population en grande partie russophone, des agitateurs et des leaders russes, mais avec aussi de vraies peurs sociales dans ce bassin minier, même si les mineurs ne suivent pas le mouvement (ce qui désole le leadership pro-russe). Les grands noms de la gauche russe (Bouzgaline et Kagarlitski) parlent même des « républiques populaires de Lougansk et de Donetsk » comme de républiques socialistes, alors même que leurs leaders se réclament de l’armée blanche et bossent avec les oligarques et le premier d’entre eux, Poutine. Quant aux « nationalisations » annoncées, évidemment c’est du toc. Enfin, on a beaucoup parlé des « fascistes » de Maidan, pour mieux faire passer la résistance de l’Est pour un combat antifasciste, mais là-bas, toutes les vieilles forces nationalistes et fascistes grand-russes sont en action : Douguine le penseur en tête et son Union de la Jeunesse eurasienne,, mais on a vu aussi le retour des nazis russes de l’Unité Nationale Russe (RNE) de Barkachov, et j’en passe ![3]

      Quel merdier !
      On n’imagine pas à quel point. (…)

      #merci !