• Texte un peu ancien.

    LEGITIMER LA PROSTITUTION EN TANT QUE TRAVAIL
    Par Janice Raymond
    Co-Directrice executive de la Coalition Contre le Trafic des Femmes (CATW)
    Décembre 1998
    Fichier RTF : http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=6&ved=0CEAQFjAF&url=ftp%3A%2F%2Fftp2.a
    "En 1998, dans un rapport 1 controversé, l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’agence officielle du travail des Nations Unies, appelle à la reconnaissance économique de l’industrie du sexe. Soulignant l’expansion de cette industrie et sa contribution non reconnue au Produit National Brut (PNB) de quatre pays du Sud Est asiatique, l’OIT argumente pour que soit reconnu le “ secteur du sexe
    Cette reconnaissance englobe une extension des “ droits du travail et des bénéfices pour les travailleurs du sexe ”, l’amélioration des “ conditions de travail ” dans cette industrie (Lim, P.212) et “ élargissement du filet fiscal aux nombreuses activités lucratives qui y sont liées ”.
    Même si le rapport de l’OIT dit ne pas plaider pour la légalisation de la prostitution, cette reconnaissance économique du secteur du sexe qu’il promeut, ne peut se faire sans l’acceptation légale de cette industrie.
    De fait, l’OIT incite les gouvernements à profiter des bénéfices énormes de l’industrie du sexe par le biais de taxes et d’une réglementation auxquelles est soumis n’importe quel travail légitime. L’intitulé du rapport de l’OIT : “ Le secteur du sexe : les bases économiques et sociales de la prostitution dans le Sud Est
    asiatique ” fait écho au déterminisme économique du titre de une de “ L’Economist ” du 14 février 1998 : “ donner au consommateur ce qu’il désire ” Le rapport prétend être une étude sur le “ secteur du sexe ” rapportant les analyses de quatre chercheurs de Malaisie, d’Indonésie, de Thaïlande et des Philippines. Mais le plan, le sommaire, les conclusions de ce rapport ont été rédigés par l’économiste Lin Lean Lim, qui depuis déjà longtemps plaide auprès des gouvernements pour que soit reconnu le “ secteur du sexe ”.

    "La modernité juridique libérale est fondée sur le primat de la liberté individuelle limitée par la liberté d’autrui. L’Etat n’impose plus de valeurs positives mais des valeurs « en creux » : « ne pas porter préjudice à autrui » n’indique plus l’usage que l’individu doit faire de sa liberté. Ainsi, l’individu libre, possesseur de ses biens et de lui-même, est allégé de toutes contraintes morales. En droit, la liberté de l’individu a pour unique limite la liberté d’autrui ; dans les faits, elle est limitée par les contraintes économiques. La liberté définie par les penseurs libéraux est instrumentalisée par l’économie de marché. Les théoriciens du libéralisme se targuent d’avoir limité le rôle de l’éthique en démocratie, au profit du rôle de l’économie de marché. Le libéralisme remplace ainsi les valeurs traditionnelles par la valeur de l’argent, à l’aide d’une idéologie fondée sur la liberté individuelle que nul ne saurait remettre en cause. Ainsi il devient impossible d’émettre la moindre retenue sans passer pour réactionnaire.
    La liberté est un bien à défendre, chacun en convient. Mais la liberté nécessite l’autonomie de la personne et non la libre disposition de la personne sur son corps, sauf à faire passer le corps humain dans la catégorie des objets de droit. La prostitution est un marché florissant : travestir l’émancipation économique en une émancipation de l’individu vis-à-vis d’une « morale » traditionnelle aura été la stratégie la plus efficace des penseurs libéraux." http://crides.fondationscelles.org/mod/resource/view.php?id=168

    #OIT #prostitution #légalisation #marchandisation #crise #libéralisme #proxenétisme_international

    • Chiffre d’affaires :
      De nombreuses estimations sont avancées dans les travaux de recherche et par les organismes internationaux. Les disparités des évaluations reflètent les différentes approches et agrégats retenus (chiffre d’affaires, reve nus, profits).

      Selon Sabine Dusch, la prostitution engendrerait
      un chiffre d’affaires mondial de 60 milliards d’euros. Richard Poulin, dans une étude de 2006,évalue les revenus de la prostitution à l’échelle mondiale à 1000 milliards de dollars US. Cette évaluation, dit-il, est prudente et minimale, elle est faite à partir d’une analyse économique
      commandée par l’OIT sur les profits de la prostitution et de la traite. En comparaison, l’industrie pharmaceutique engendrait, en 2005, des revenus de 600 milliards de dollars.

      •Poids dans l’économie :
      L’industrie de la prostitution représente aujourd’hui une part non négligeable de l’économie.
      Elle était par exemple évaluée en 1998 à 5 % du PIB aux Pays Bas, entre 1 et 3 % au Japon,entre 2 et 14 % en Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines (BIT, 1998).

      Traite.
      Chaque année selon l’ONU, la traite mondiale à des fins de prostitution compte environ 4 millions de nouvelles victimes
      chez les femmes et les enfants. Selon la Commission des
      droits des femmes du Parlement Européen, depuis quelques années 500 000 femmes victimes de la traite aux fins de prostitution pénètrent chaque année en Europe occidentale.
      La seule Asie du Sud-Est compte 33 millions de victimes en une décennie.
      Le profit généré par le trafic des femmes et des enfants est en constante augmentation : en 1990, il est de 1,5 à 2,5
      millions de dollars. En 2002, les profits sont estimés entre 7 et 12 milliards de dollars par an.

      Entre 76% et 100% des entreprises du sexe légales ou illégales sont contrôlées, financées ou soutenues par le crime organisé. L’argent lié à la prostitution et à la traite est ensuite blanchi dans de multiples activités qui lui sont liées de près ou de loin.

      De l’avis des experts européens, le trafic des femmes et des enfants rapporte aujourd’hui plus que celui des armes et de la drogue car une arme ne peut être vendue qu’une fois, tandis qu’une femme peut l’être plusieurs fois.

      L’industrie du sexe est devenue une industrie de masse et génère d’énormes revenus. Son chiffre d’affaires a été multiplié par 6 en 20 ans.

      La pornographie connaît une croissance encore
      plus impressionnante : son marché a étémultiplié par 8 en 20 ans. Le chiffre d’affaires mondial de la pornographie serait de 52 milliards d’euros (avec en 2002, 70% des dépenses réalisées sur Internet). C’est la 3 ème
      industrie du Danemark, premier pays à la « libéraliser ».

      Elle est également liée avec des secteurs traditionnels du commerce.

      Le chiffre d’affaires de la pornographie enfantine atteindrait aux États-Unis entre 2 et 3 milliards de dollars US par an. Rien que dans ce pays, les producteurs de pédopornographie auraient filmé 1 million d’enfants.

      le système de la prostitution n’est pas seulement fondé sur
      les inégalités entre hommes et femmes. Il est aussi structuré par les inégalités entre catégories sociales et par les

      inégalités d’origine ethnique. L’énorme majorité des prostituées est en effet issue des classes défavorisées et les femmes issues d’ethnies minoritaires ou des (ex) colonies
      Au total, le système de la prostitution s’appuie sur l’exploitation des grands rapports de domination dont témoignent ces inégalités : rapports de sexe, de classes, rapports de domination Nord-Sud. Ce sont des facteurs structurels qui mettent fortement en cause l’idée d’un « choix » pour cette activité comment expliquer que
      la prostitution concerne par-dessus tout les personnes les plus vulnérables, celles des classes sociales défavorisées, dess minorités ethniques, les victimes d’agressions sexuelles lors deleur jeunesse ?
      https://france.attac.org/archives/IMG/pdf/Mondialisation_de_la_prostitution.pdf